Entrevue David Bravo

De Remix Biens Communs
Révision datée du 18 février 2020 à 06:16 par Fred (discussion | contributions)
(diff) ← Version précédente | Voir la version actuelle (diff) | Version suivante → (diff)
Aller à :navigation, rechercher
La version imprimable n’est plus prise en charge et peut comporter des erreurs de génération. Veuillez mettre à jour les signets de votre navigateur et utiliser à la place la fonction d’impression par défaut de celui-ci.


Entrevue avec David Bravo, architecte barcelonais. Ancien conseiller en charge de la lutte contre la gentrification de la Mairie de Barcelone. Membre du collectif La Fira o la Vida.

Métadonnées

Auteur(s) AMBROSI Alain
Date de création 2020/09/13
Date de publication 2020/02/17
Langue du contenu FR, ES
Pays Espagne
Média Texte
Producteur(s) Remix the commons
Participant(s) BRAVO David
Contributeur(s) THEDE Nancy, LAURENT Camille


Entrevue avec David Bravo

par Alain Ambrosi. Barcelone, septembre 2019. Traduction Nancy Thede. Translation Camille Laurent.

Je m'appelle David Bravo, je suis architecte et j'ai consacré de nombreuses années à la réflexion et au débat sur des questions urbaines telles que la démocratisation de l'espace public, la mobilité équitable et durable ou le droit au logement et le droit à la ville. J’ai travaillé pendant 15 ans au Centre de Culture Contemporaine de Barcelone, le CCCB, où j'ai organisé des expositions, des conférences et des remises de prix sur ces sujets. Et j'ai aussi passé de nombreuses années à me consacrer à des luttes militantes ou de quartier dans différents espaces. A Ciutat Vella par exemple, j'ai été impliqué dans un espace appelé La Negreta del Gòtic, où plusieurs luttes comme celles de la privatisation du port de Barcelone, par exemple, se rejoignent. Et je suis également lié à d'autres mouvements comme, par exemple, la Plate-forme pour la qualité de l'air qui lutte contre l'hégémonie de l'automobile en ville.

A partir de 2014, à travers des proches, camarades de lutte, je suis entré dans un espace qui se développait, qui ne s'appelait pas encore Guanyem Barcelona (Gagnons Barcelone) et qui voulait promouvoir une entrée dans les institutions, au conseil municipal, lors des élections municipales. Nous étions environ 14 au début, parmi lesquels il y avait, bien sûr, la mairesse et aussi des gens comme Joan Subirats ou Gala Pin. Donc j'ai été lié à la gestation de Guanyem Barcelona qui est devenu plus tard Barcelona en Comú (Barcelone en commun -BeC). J'y ai consacré 5 années de ma vie qui ont été très enrichissantes. Je me suis fait beaucoup d'amis. J'ai rencontré beaucoup de gens intéressants. J'ai beaucoup appris, plus que si j’avais fait 5 Masters.

À partir d'un certain moment, alors que nous avions déjà gagné les élections, j'ai également commencé à travailler à la mairie en tant que conseiller de la mairesse dans le développement et la mise en œuvre d'une stratégie transversale de lutte contre la gentrification, qui, comme vous le savez, est un phénomène nouveau, que les mairies ne sont pas encore habituées à traiter d'une manière transversale. Cela exige que des départements très étanches et différents soient mis en relation comme par exemple celui du logement, de l'urbanisme, de l'économie, du commerce, voire de la culture ou des relations internationales. Ils doivent travailler avec une vision commune et transversale pour aborder cette question. Sinon, ce qui se passe, c'est que ce que fait la main gauche contredit ce que fait la main droite. J'ai donc conseillé la mairesse dans la mise en œuvre de cette stratégie pendant 3 ans, jusqu'en février 2019, date à laquelle j'ai démissionné et quitté BeC parce que je n'étais pas d'accord avec un projet qui concerne les communs urbains.

Je peux ajouter qu'en ce moment je collabore avec David Harvey, un géographe bien connu dans le domaine des communs urbains, notamment pour sa thèse de l'accumulation par dépossession. Nous sommes conjointement commissaires d’une exposition dans le cadre de la Biennale d'architecture de Chicago qui sera lancée la semaine prochaine. Il s'agit précisément de Barcelone et d’un projet dont je parlerais, la Foire de Montjuic, ainsi que de la nouvelle plate-forme dans laquelle je suis impliqué, qui s'appelle la Fira o la vida (La Foire ou la vie). Cette exposition s'intitule Red Carpets, Alfombras Rojas (Tapis rouges) et sa thèse principale est que le capitalisme mondial, dit de libre marché, est en fait fortement subventionné et soutenu par les infrastructures publiques. Et bien que nous l'appelions capitalisme global, ces infrastructures publiques ont une emprise locale comme le port, l'aéroport, la zone franche, ou MercaBarna (le marché de gros de Barcelone, ndlr) et des entités très opaques comme la Chambre de Commerce ou Barcelona Tourismo, qui est une entité public-privé qui recueille toutes les taxes touristiques de Barcelone et les investit dans la promotion touristique de la ville. En d'autres termes, il s'agit de communs urbains qui sont au service du grand capital global qui porte atteinte à des villes comme Barcelone par des activités qui favorisent la pollution, le changement climatique, la crise climatique ou encore la spéculation, la gentrification et les attaques contre le droit au logement et le droit à la ville. Ces tapis rouges sont donc le thème principal de l'exposition et nous les illustrons à travers ce cas particulier qu'est la reconduction, par la mairesse Colau, de la cession de 27 ha de terrains publics très centraux, les terrains de la Foire de Montjuic, propriété municipale, à une entité très opaque et même antidémocratique comme la Foire de Barcelona qui se consacre à organiser de méga-évènements pour promouvoir l'industrie automobile. Par exemple, le Salon de l'automobile ou de la moto, dans la ville avec la plus forte densité de motos d'Europe. Ou encore le Barcelona Meeting Point, qui est un congrès du secteur immobilier au cours duquel des fonds d'investissement tels que Blackstone, qui font beaucoup de dégâts dans nos quartiers, ont la parole.

Ainsi, le conseil municipal, au cours de ce dernier mandat, a décidé de renouveler la cession de cet espace qui devait prendre fin en 2025. Il y avait assez de temps pour ouvrir un processus de réflexion et de débat sur ce que nous voulions faire avec ces hectares de terres municipales si centrales. Mais non seulement le Conseil a-t-il décidé de renouveler la cession, mais ils l’ont fait à très bas prix car la Foire de Barcelone ne paie que 2 centimes d'euros du mètre carré, ce qui équivaut à payer moins de 12 euros pour un appartement de 80 mètres carrés dans le centre de Barcelone. On ne sait pas jusqu’à quand est valable ce renouvellement, car l'accord n'a pas été publié. Il y a un manque de transparence. Et il y a en plus un investissement de 380 millions d'euros pour rénover l'ensemble du site qui est très obsolète et pour agrandir la partie du site qui se trouve dans la municipalité contiguë de L'Hospitalet. Barcelone n'a pourtant pas de déficit d'infrastructures pour accueillir des congrès, c’est au contraire l'un des plus grands centres mondiaux pour la tenue de ce genre d’événement. On peut citer en exemple le Mobile World Congress qui se tient annuellement à Barcelone.

Il y a, en revanche, un très grand déficit de logements abordables, de logements publics. Barcelone dispose d'un parc 10 fois plus petit que la médiane européenne et a besoin de toute urgence d'investissements importants et de politiques pour lutter contre la gentrification et développer le parc de logements abordables. Ce projet, appelé Fira Universe (Foire Univers), est en conséquence totalement contraire au bien commun et à la stratégie de lutte contre la gentrification que le gouvernement municipal tente de mettre en œuvre.

Cette histoire de la Foire de Barcelone et de la concession a une entreprise privée, vient en contradiction totale avec, à la fois le programme, et aussi certaines des politiques qui ont été mises en place depuis 4 ans. C'est à dire qu'il y a quand même eu des actions qui ont été menées contre les gros promoteurs, des actions qui ont été faites contre les banques, comment s'explique le fait que la Foire soit quelque chose à part ?

C'est une question très compliquée. Non seulement c'est une décision qui contredit d'autres politiques très positives et très révolutionnaires qui ont été mises en œuvre au cours de ce mandat, mais c'est aussi une décision qui va jusqu'à annuler, à contrecarrer les effets de ces politiques positives. Par exemple, deux des grandes innovations qui ont été faites pendant le premier mandat de Colau en matière de logement sont l'obligation pour les promoteurs privés de consacrer 30% de chaque nouveau développement ou grand projet dans toute la ville de Barcelone, au logement abordable. Il s'agit d'une réalisation historique pour Barcelone avec ses problèmes de logement abordable, qui a surgi grâce à la pression de mouvements de quartier tels que la PAH (Plataforma de los afectado.a.s por Hipoteca – Plateforme des affecté.e.s par Hypothèque), tels que le syndicat des locataires et d'autres. Selon les calculs, cela devrait permettre de fournir environ 350 logements abordables par an. Ce sont des logements abordables, mais ils ne sont pas publics. Il s'agit de résidences privées à prix réglementés, distribuées dans toute la ville. Dans le terrain de la Foire de Montjuic pourraient se placer entre 5000 et 10 000 logements. Pensons : combien de temps faudrait-il appliquer cette nouvelle mesure de 30% pour obtenir ce que nous aurions déjà dans ce champ de foire ?

D'autre part, une autre des compétences nouvelles importantes dont la mairie s'est dotée est celle du droit de premier refus, autrement dit, c'est la priorité qu’a la mairie lors de toute transaction immobilière entre deux particuliers, d’acheter la propriété en question pour le même prix. C'est un outil très important pour fournir des logements sociaux aux quartiers centraux où il n'y a pas d'espace de construction et où tout est consolidé. Ceci au lieu de construire de nouveaux bâtiments tous en périphérie, comme à Paris, ce qui serait une erreur car cela favorise la ségrégation spatiale. Cette priorité à la ville lors de transactions immobilières entre particuliers, est aussi un très bon outil de lutte contre la gentrification, car on peut ainsi doter les quartiers du centre-ville de logements publics. Nous devons nous demander de combien de décennies, de combien de milliards d'euros le conseil municipal aurait besoin pour acquérir 27 blocs de terrain comme ça en zone centrale. Il faut penser que ces 27 hectares de terrain équivalent à 21 patés de maison du quartier de l'Eixample. En d'autres termes, tout le quartier de la Barceloneta, où vivent 16.000 personnes, s'insérerait dans cette enceinte. Cette action contrecarre non seulement la lutte pour le droit à la ville ou le droit au logement, mais aussi la lutte contre le changement climatique ou la pollution, qui est l'un des problèmes les plus graves que connaisse Barcelone actuellement.

Barcelone est l’une des villes les plus polluées de l’Europe. Nous avons une densité de véhicules record pour le continent. A Londres, il y a 1200 voitures par kilomètre carré. A Paris, il y a 1500 voitures par kilomètre carré. A Madrid il y en a 3000 et à Barcelone il y en a 7000 sans compter les motos. En ce moment, le ISGlobal (Instituto de Salud Global – Institut de la Santé Globale) - un institut très réputé sur le plan scientifique - publie des chiffres qui montrent le nombre scandaleux de morts chaque année à Barcelone à cause de la pollution. La ville célèbre un jour par an la journée sans voiture où on coupe des artères importantes. Mais aussi, 10 jours par an le Salon de l'automobile dans des installations municipales, où viennent les grandes marques, où vient Volkswagen qui nous a menti avec le "Diesel Gate". Ils bénéficient d’un espace public pour promouvoir une industrie qui fait beaucoup de tort, non seulement à nous en tant que personnes, mais aussi à la planète. Cela est non seulement totalement contradictoire, mais annule toutes les avancées de la journée sans voiture, et même tout ce qu’on a pu avancer à travers la controverse sur les Supermanzanas del Poblenou auxquels nous avons consacré tant de pages de journaux.

L'influence culturelle hégémonique de ces congrès est très importante, la question de la Foire de Montjuic doit donc être abordée comme une question culturelle. C'est un défi pour [Joan Subirats], qui cherche à faire avancer le changement de modèle des politiques culturelles à Barcelone, à ouvrir l'accès à la production culturelle à de nouveaux collectifs qui n'ont pas été dans l'ombre du pouvoir. Tous les contenus des Foires, sont de la culture, ce sont des conférences, ce sont des expositions, ce sont des débats qui sont totalement a-critiques. Il s'agit d'une propagande où on ne donne pas aux citoyens un espace de réflexion et de débat sur les défis de l'avenir immédiat. On trompe les citoyens. On leur ment. Des informations cruciales leur sont occultées. Et ces événements sont vendus comme s'il s'agissait de moyens de consommation, de modèles de marchés touristiques ou d'automobile, mais ils sont contraires au bien commun.

Alors vous m'avez demandé, comment est-il possible qu'un conseil municipal aussi révolutionnaire puisse accepter cela ? Et non seulement il l'accepte, mais il en fait la promotion. Il y a eu d'autres situations, comme par exemple la privatisation du Vieux port, qui a eu lieu pendant le mandat de la mairesse actuelle, où le gouvernement municipal, après tout, avait peu à dire. Parce que le port, comme vous le savez, est la propriété de l'État espagnol, et non de la municipalité. Et d'autres encore, telles l'agrandissement de l'aéroport sous forme d’une nouvelle piste d’atterrissage sur de la mer que le président de la Foire de Barcelona exige aujourd'hui pour que Barcelone soit une ville de premier ordre. Pour amener plus de touristes, plus de congressistes.

Il faut savoir que la Foire de Barcelone attire deux millions de personnes par an. En avion ! Deux millions, c'est plus que la population de la ville. L'impact n'est pas mineur. Pendant les trois jours du Mobile World Congress à Barcelone, 109 000 personnes y assistent. 109 mille personnes qui se déplacent en voiture particulière, avec des chauffeurs, qui consomment de l'eau dans les hôtels, créent des déchets plastiques ... La demande hôtelière est tellement forte que pendant ces dates, vous ne pouvez pas trouver de chambre dans un hôtel à Barcelone. Ils saturent l'offre, c'est pourquoi ils font la promotion d'une offre hôtelière plus importante.

Enfin, la question que vous m'avez posée est très importante : comment un conseil municipal aussi révolutionnaire peut-il être derrière cette décision ? La réponse n'est pas facile, elle est complexe, d'autant plus que j'ai un attachement sentimental à cette plate-forme politique que j'ai contribué à faire germer et à laquelle, pour la voir gagner les élections, j'ai consacré beaucoup d'efforts. Je suis très déçu de cela. J'essaie toujours de ne pas répondre à cette question par ressentiment et frustration, mais positivement, de me demander comment éviter qu’une telle situation se reproduise à l'avenir. La réalité est qu'à Barcelone, il existe un réseau d'entités public-privé qui ont une gouvernance très opaque et un grand pouvoir d'influence sur les communs urbains publiques. Cela signifie que peu importe qui gagne les élections, ce réseau continue. Il est dans l'ombre et a beaucoup de pouvoir lorsqu'il s'agit de gérer ces biens communs. L'exemple de Joan Gaspart Solves, hôtelier très importante à Barcelone, est très clair. Il a survécu à tout le mandat de Colau à la tête de la Chambre de Commerce de Barcelone. Maintenant, grâce au fait qu’à la Chambre de commerce il y a eu des élections et qu'un groupe d'hommes d'affaires indépendantistes a gagné, ils l'ont fait sauter. Mais pour la question nationale, pas pour ce qu'il faisait. A Barcelona Tourismo, la mairie met beaucoup d'argent chaque année, je pense que c'est 4 millions d'euros. Plusieurs personnalités comme Joan Gaspart y ont été impliquées, sans que le conseil n'ait rien dit. Ce réseau d'entités public-privé sont dans les conseils d'administration de l'aéroport, le port, MercaBarna, la zone franche, et la Foire de Montjuic. Ce sont des espaces publics qui font l'objet de décisions très intéressées et opaques de la part d'entités privées. Je suppose que la faiblesse du gouvernement municipal dans le mandat précédent, seulement 11 conseillers sur 41, les a forcés à choisir les batailles. Ils ne pouvaient pas mener toutes les batailles en même temps. Ils ne pouvaient pas faire tabula rasa et recommencer à partir de 0. Il y a donc eu des luttes dans lesquelles ils ont décidé de ne pas s'engager. Mais, cette décision d'étendre la cession à la Foire de Montjuic jusqu'à une date inconnue, alors qu’elle devait se terminer en 2025, pour moi, ne peut se justifier de ce point de vue. Parce qu’il s’agissait d'ouvrir une nouvelle bataille, dans un espace où seul le conseil a le pouvoir de décision. Parce qu'ici, il n'y a pas d'État espagnol, pas de Generalitat (Le Conseil de région de Catalogne), pas d'autres institutions, c'est 100% municipal. L'explication est beaucoup plus triste. C'est une décision à court terme, et je l’expliquerai. Et c'est une très mauvaise décision, très injuste. C'est une imposition antidémocratique et une erreur stratégique. Elle a été prise en février 2019 face à la menace que pendant le Mobile World Congress il y aurait, ou qu’il pourrait y avoir, comme en 2018, une grève du métro. En 2018, la mairesse a dû faire face à un scandale médiatique qui a provoqué un énorme incendie pour le gouvernement municipal. Les journaux ont accusé la mairesse de ne pas vouloir du Mobile World Congress, de ne pas défendre l'économie, de ne pas savoir comment résoudre ou gérer une crise avec le syndicat de TMB (Transports Metropolitans de Barcelona - l’entreprise de transport métropolitain de Barcelone). Ce fut une crise très douloureuse pour le gouvernement municipal. En 2019, deux semaines avant ce congrès, il y avait encore une fois une menace de grève au TMB, la compagnie municipale de transport public. Et en fait, il y a bien eu une grève pendant le Mobile World Congress, mais il n'y a eu aucune manchette dans les journaux. C'est passé complètement inaperçu. Il n'y a pas eu de scandale. Pour une raison : deux semaines avant le Mobile World Congress, la mairesse et le président de la Generalitat, la mairesse de l'Hospitalet, l'agglomération métropolitaine de Barcelone, la Diputació de Barcelona, la Chambre de Commerce et la Foire de Barcelone ont fait une annonce publique disant vouloir investir 380 millions d'euros pour étendre le parc des expositions de L’Hospitalet et rénover celui de Montjuic, selon un projet très mystérieux que personne ne connaît parce qu’il n’a pas été rendu public. Dans l'annonce signé par les institutions, il est mentionné que le projet s'appelle Fira Universe. Nous ne savons pas jusqu'à quand cela signifie un renouvellement du contrat. Grâce à cette décision, Jordi Martí Grau, le gérant municipal, a réussi en deux semaines à éviter un scandale, un incendie autour du Mobile World Congress. C'est-à-dire qu'il s'agit d'une décision prise pour éviter quelque chose qui aurait pu se produire dans les 15 jours mais dont les conséquences peuvent s’étendre jusqu’en 2050.

Et il n’est pas possible de revenir sur cet accord?

Si, pour renouveler la cession de facto, il faut un vote de l'assemblée plénière municipale l'approuvant. Cela, pour le moment, n’a pas encore eut lieu. Si cela est proposé à l’assemblée municipale maintenant, avec l'équilibre des pouvoirs au sein du conseil, cela sera sûrement approuvé. Tous les partis qui sont actuellement élu à la plénière municipale sont en faveur de ce renouvellement. Le seul qui s'y opposait était la CUP(Candidatura d'Unitat popular - Parti anti-capitaliste et indépendantiste catalan, ndlr) qui ne fait plus partie maintenant de la plénière municipale. Il faut se rappeler que le dernier accord a été conclue par le maire Trias et remonte à décembre 2014. Il a été approuvé en plénière municipale à la majorité pour une période de 11 ans, jusqu'en décembre 2025. Pour prolonger ce délai, on a besoin d'un autre vote. Il y a actuellement un accord, un texte, signé par toutes ces institutions, disant que 380 millions seront investis dans la rénovation du site et qu'il sera inauguré en 2028, à l'occasion du centenaire de l'Exposition universelle de 1928 (1929, ndlr) qui a eu lieu à Barcelone et qui est à l'origine de cette enceinte.

Vous avez utilisé le terme antidémocratique. Cela m’intéresse de développer un peu ce sujet, parce que la décision a été prise, j'imagine, au sein du gouvernement municipal. N'y a-t-il pas de discussion? N'y a-t-il pas de possibilité de débat au sein du gouvernement municipal sur ce type de décision ?

Pendant que je travaillais à l'intérieur de la mairie en tant que responsable de la stratégie contre la gentrification, j'ai passé une année entière à me battre en interne, sans rien dire dehors. J'ai parlé à des gens comme la conseillère de district, aux responsables du logement, aux responsables d'économie, essayant de mettre cette question sur la table, pour que cela ne se produise pas. Je savais déjà que c'était en train d'arriver. Ce que j'ai même trouvé était un projet beaucoup plus laid que le projet l’est peut-être en ce moment. Il s'agissait d'un projet de privatisation, de construction de logements privés pour rembourser la dette que la Foire de Barcelona a acquis en 2007 lors de la construction du nouveau parc des expositions de L'Hospitalet. Il y avait une dette de 250 millions d'euros qui devait être payée par la privatisation des terrains et la construction de logements privés, comme ce qui se fait toujours en Espagne. J'ai donc passé un an à me battre au sein de la mairie, mais je n'ai pas pu contrer ce que le gérent municipal faisait, et qui a convaincu la mairesse. Pendant ce temps, dans l'espace politique militant de Barcelone en Comú, il m'était totalement impossible d'ouvrir un débat. On ne pouvait pas débattre de cette question. Sur le plan personnel, beaucoup d'amis étaient d'accord avec moi, même des amis qui avaient beaucoup de pouvoir à la mairie, mais sur le plan collectif, cette question était anathème.

A un autre niveau de participation, on voit par exemple qu'il a été question de gentrification, les fameuses tables citoyennes sur la gentrification dans chaque quartier. Comment évaluez-vous ce type de socialisation et de tentative de faire un axe public commun?

Je pense qu'il y a eu des améliorations très honnêtes et très authentiques que vous décrivez. Je pense que les personnes en charge, par exemple, de la question du logement, ont fait des choses très importantes et nécessaires et ils l'ont fait du fond du cœur, avec authenticité. Il y a aussi des gens de l'urbanisme ou du logement qui sont contre ce projet. Mais cette situation s'explique par un manque de transversalité. Parmi les rares conversations que j'ai eues avec la mairesse à ce sujet, elle m'a dit : "La Foire ne relève pas du département d’urbanisme. Ce n'est pas de l'urbanisme, c'est de l'économie’. C'est comme dire que le Forum de la culture de 2004 n'est pas de l'urbanisme mais de la culture. Ce manque de vision holistique et complexe de la ville est pour moi à l'origine du problème.

Dans une interview que faite avec [Mayo Fuster], lors d'une des réunions des pro-communs, nous avons parlé de ce type de transversalité. Elle y dit que ce type d'organisme public, en lien avec des universités, essayait de faire quelque chose de transversal entre les départements du gouvernement municipal. Mais selon ce que tu me dis, c'est presque impossible ?

La transversalité n'existe pas. C'est une volonté authentique et honnête de beaucoup de gens de Barcelone en Comú et de beaucoup de gens qui travaillent à la mairie mais on est à des années-lumière de pouvoir ouvrir les fenêtres pour que l'air circule. Il existe un réseau d’officines très opaques qui ont beaucoup de pouvoir d'influence et qui ne nous expliquent pas ce qu'ils font. Donc, à partir d'en bas, on peut commencer à changer de petites choses, mais si l'on compare la proportion de ces nouveautés, de ces innovations, avec l'ampleur de ce réseau d’officines de pouvoir, qui passe par le gérant municipal, qui n'est plus un poste de gestion, mais un poste politique, la disproportion est écrasante. Je crois donc sincèrement à l'authenticité, à l'honnêteté de ce que Mayo Fuster vous a dit. J'ai travaillé avec elle pour essayer d'influencer le discours au Smart City Congress, qui est un événement qui a lieu à la Foire de Montjuic, afin de changer un peu le message au sein de l'école Smart City. Par exemple, nous avons misé pendant un an sur le thème "Right to the Smart City", droit à la ville intelligente. Faire converger l’approche du droit à la ville, avec celle de la Smart City, alors que ce sont normalement deux mondes qui ne se rencontrent pas. On n'a pas réussi. C'est demeuré un congrès mercantiliste où vont les grandes sociétés. Les 4 sujets que nous avons pu mettre en lien y étaient marginalisés et sont passés totalement inaperçus.

En même temps, il y a eu une assez bonne publication après ce congrès exposant cette approche que vous dites sur le droit à la ville. Mais c'était donc très minoritaire ?

C'était comme je vous le dis très honnête et de qualité, et intéressant, mais c'était tout à fait insignifiant comparé à l'impact sur le monde des grandes entreprises, leur pouvoir d'exposition à l'intérieur du Congrès, les conférences. En d'autres termes, les gens qui venaient de Corée du Sud n’étaient même pas au courant de ce que David Harvey proposait dans sa conférence, par exemple. C'est comme jouer avec la main gauche qui enracine une chose et la main droite qui fait le contraire.

Et si nous parlons, par exemple, de réunions comme Fearless Cities. Quel impact ce genre de rencontre peut-il avoir sur la politique municipale de Barcelone ?

Je crois beaucoup à l'esprit des Villes sans peur. Je crois que l'une des tâches importantes que Barcelone en Comú a développées, depuis son arrivée au gouvernement municipal, est de défendre le municipalisme à l'échelle internationale. À l'heure actuelle, comme vous le savez, nous sommes confrontés à une menace néo-fasciste dans le monde, en Europe, dans des pays très importants comme le Royaume-Uni, l’Italie, les États-Unis, le Brésil, vous savez de quoi je parle. Et en Espagne, bien sûr. D'une part, il existe tout un ensemble de forces politiques allant du droit néolibéral à la social-démocratie, qui semblent en conflit mais qui, en réalité, prônent les mêmes politiques économiques. Le Parti Socialiste de Catalogne, le PSC est absolument favorable à la privatisation de la Foire et souhaite y organiser une nouvelle exposition universelle. Hillary Clinton la social-démocratie, Pedro Sanchez - tous sont d'accord avec le Parti populaire, et le néolibéralisme. Ils semblent être en conflit, mais non. Ils s'entendent sur les politiques économiques. Ce sont des politiques économiques néolibérales qui génèrent beaucoup de méfaits et de douleur tant au niveau écologique, du changement climatique, de la pollution, de la prolifération des conteneurs maritimes, de la vente de marchandises à l'échelle planétaire, qu'au niveau social, du travail précaire, de la concentration de la richesse, etc. Les classes populaires ont ainsi ressenti une désaffection face à la gauche car elles estiment ne pas être défendues par cette gauche sociale démocrate, au point que d'anciens communistes français votent pour Le Pen. Ils passent à une autre force qui est en train d'émerger. L’une est libérale, l’autre est nationaliste, populiste, cette dernière blâme les immigrants et est contre la libéralisation économique. "Make America Great Again" dit Trump. Nous retournons à la classe ouvrière, aux emplois manufacturiers américains. C'est un mensonge. Cela n'arrivera pas, mais c'est une proposition qui accroche chez les gens. Alors, les gens se déplacent vers cette droite.

Au milieu de ces deux blocs, pro-mondialisation et anti-mondialisation, surgit une nouvelle proposition politique très importante qui est le municipalisme. C'est une proposition d'échelle internationaliste mais qui défend vraiment une transition de l'économie pour dépasser le capitalisme mondial et défendre le local. Le municipalisme c’est résoudre la contradiction du Glocal. penser globalement, agir localement. J’y croit beaucoup. Et Fearless Cities a beaucoup fait en ce sens pour transmettre et renforcer ce message au niveau international. Il a créé un réseau de villes qui est très important. Les villes sont la plus petite administration publique mais la plus proche de la citoyenneté. Elles sont donc les mieux placées pour lutter contre des phénomènes tels que la pollution ou la gentrification. Il est donc très important que des gouvernements si petits aient des capacités. Comment des administrations aussi minuscules peuvent-elles faire face à des menaces mondiales telles que le capitalisme ou le changement climatique ? La réponse est qu'elles peuvent le faire si elles forment des alliances de villes internationales. Cela est en train de se produire et beaucoup de choses ont été réalisées au cours de ce mandat de la mairie. J'ai beaucoup travaillé avec Londres, New York ou Paris. Nous avons fait un manifeste que la mairesse a lu à l'ONU, qui s'appelle "Cities For Adequate Housing". Vous pouvez le consulter, il est publié. C’est un exemple de la façon dont le municipalisme peut changer le message. C’est, avant tout, une bataille culturelle pour changer le cadre réglementaire de l'UE, pour changer certains manques de compétences et de ressources dont les villes ne disposent pas et dont elles ont besoin pour affronter certaines menaces. Pour moi, le municipalisme est très important et Fearless Cities a été très utile pour avancer.

En parlant de Fearless Cities entre autres choses, deux choses m’intéressent : Premièrement, y a-t-il quelque chose de positif qui a été fait pendant ces 4 années sur le plan de politiques vraiment actives et conséquentes ? Et aussi, au niveau culturel, qui me semble très important pour changer un peu le discours de l'intérieur. Ce qui semble être l'un des plus grands défis du passage de l'axe public-privé à l'axe public-commun, c'est le changement de mentalité, le changement de discours, mais aussi le changement des canaux pour rendre ces choses possibles. Je croyais que BeC avait commencé à mettre en place des canaux de communication entre le public et les communs. J'aimerais que vous fassiez le point là-dessus.

Je crois que la réponse est double : d’abord, au niveau quantitatif, si l'on tente de mesurer les effets de la nouvelle politique sur l'institution, c'est un échec retentissant. En ce moment à Barcelone, il y a plus de pollution, il y a plus de voitures, les prix du logement sont moins abordables, il y a plus d'expulsions, il y a plus de gentrification qu'il y a 5 ans. Il y a plus de tourisme, il y a plus de congrès, il y a plus de croisières. En d'autres termes, au niveau quantitatif, les bonnes choses que l'on a essayé de faire pour combattre les problèmes n'ont pas été suffisantes. Ce n'est pas la responsabilité de la municipalité. C'est parce que le cadre global se dégrade et aussi parce que les administrations publiques qui ont des pouvoirs, par exemple pour réguler les loyers, ou les ressources pour investir dans le logement social ne font rien, n'aident pas la municipalité, qui est très petite. Sur le plan quantitatif, les effets, le solde de cette entrée de la nouvelle politique dans les institutions est négatif. C'est très triste à dire, mais c'est vrai. Il ne s'agit pas d'une opinion subjective. C'est scientifique, quantifiable.

Toutefois, il y a un aspect très positif, et c'est aussi un aspect fondamental, et vous l'avez dit, c’est la question de la bataille culturelle. Ce qu’a réussi BeC en entrant dans l'institution, est de changer les termes du débat. Il y a cinq ou 6 ans, exprimer publiquement à Barcelone l'opinion que le tourisme de masse faisait mal aux quartiers c’était un tabou, c’était être contre l'économie, c’était être un communiste dépassé et c’était ne pas comprendre la réalité et le progrès. Il faut voir les polémiques comme celle du tramway de l’avenue Diagonal ou celle de la Supermanzana del Poblenou. C'était être un radical qui n'a pas les pieds sur terre. Aujourd’hui, en revanche, le consensus hégémonique et l'opinion des gens sur, par exemple, le sujet du logement est qu’il s’agit de l’enjeu principal d’inquiétude des citoyens, qu'il faut dresser des politiques publiques du logement et que l'accès au logement ne peut être confié au marché privé. Le marché privé fait échec lorsqu’il s’agit de garantir cet accès à la majorité de la population. En outre, le consensus selon lequel il existe une urgence climatique et qu'il est nécessaire d'agir avec des politiques écologiques s'est beaucoup élargi. La pollution doit être combattue. Le véhicule privé ne peut pas être le centre de la rue. C'est un changement dans du sens commun qui s’est déplacé vers la gauche. Et c'est très important parce que, quel que soit celui qui gouverne à l'avenir, ce sera de plus en plus difficile de développer des politiques sans tenir compte de l’avis des citoyens.

De plus, ce gouvernement municipal s’est impliqué dans des questions qui ne relèvent pas de la compétence des municipalités, comme la question de l'énergie, la question de la santé, etc.

Joan Subirats le dit très bien. Le gouvernement municipal a non seulement des compétences, mais doit aussi avoir des compétences responsabilités. En d'autres termes, bien que la crise des réfugiés ne relève pas de la compétence des municipalités, la politique municipale doit se positionner pour donner une réponse. Et les villes réagissent beaucoup mieux que les organismes supra-municipaux tels que les États ou l'UE. Peu importe donc quelles sont les compétences, ce qui compte ce sont les responsabilités. Cela me préoccupe que des gens se noient en Méditerranée, qu'il y ait une crise climatique, qu'il y ait une financiarisation de l'économie, etc.

La coopération avec d'autres villes sur ces questions sera dorénavant importante, pour contrer AirBnB, et aussi pour les immigrés.

En effet. Il y a eu des avancés très importantes, je vous le dis, non pas au niveau quantitatif, qu'il y a eu une régression, mais au niveau des discours, du changement des mentalités, de la conscience citoyenne.

Et si nous parlons maintenant de ce qui est à venir, des perspectives. Ce que vous dites, c'est que nous sommes dans une quasi-impossibilité de changer de direction. Au sein du nouveau municipalisme, selon Harvey, puis repris par d'autres, comme le montre notre [Atlas des Communs urbains], quand on parle de Barcelone ou de Milan, il se passent des choses très différentes. A Barcelone, il y a justement une prise de l'institution qui fait plus penser au nouveau municipalisme, au potentiel nouveau municipalisme, que simplement à gérer des communs urbains. Ici à Barcelone, il existe dans le département de participation, une relation avec les associations de quartier pour gérer certains communs urbains. Mais par rapport à l'entrée dans les institutions, ce que je comprends de ce que tu dis, c’est que l’axe privé-public est si fort que ce n’est pas possible?

Je n'aurais jamais prononcé cette phrase.

Mais alors quand quand on essaye de voir les défis et les possibilités comment est-ce possible de changer ça ? On a parlé de l'aspect culturel, c'est une chose, mais le reste ?

Nous sommes entrés dans l'institution avec le cri "si, se puede" (Oui, c’est possible), qui vient un peu de "Yes we can". Le fait que nous n’ayons pas pu jusqu'à présent ne signifie pas qu'on ne pourra pas le faire à l'avenir. Je suis profondément optimiste. Comme disait Gramsci, "le pessimisme de l'intelligence et l'optimisme de la volonté". Je crois qu'on peut faire beaucoup de choses. Nous devons apprendre de nos erreurs, nous devons pouvoir mener des débats internes sur ce qui a été mal fait et ce qui a été bien fait et ce qui reste à faire. Reconnaître les forces qui existent, les contradictions et être capable de voir où des mesures n’ont pas encore été prises, et où des mesures ont été prises dans la mauvaise direction. C'est très important. Donc, je crois que lorsque BeC est entré à l'hôtel de ville, ça a été une révolution historique. Le fait qu'une militante occupe le siège de mairesse, la première femme, la première personne de classe défavorisée, et de surcroît une personne que nous connaissions tous dans des situations très peu institutionnelles, comme lorsque qu’elle se fait emmener par la police. Cette entrée était si révolutionnaire, si historique, qu'elle a eu un effet négatif sur l'ADN révolutionnaire de Barcelone. Barcelone est, comme vous le savez, une ville très rebelle. Ce n'est pas nouveau, ça fait des centaines d’années. Elle a été la capitale de l'anarchisme. C'est une ville où d'importantes luttes sociales se sont déroulées. Elle a une charpente, un tissu, très vieillot. Les associations de quartier avaient des relations très clientélistes avec la mairie sociale-démocrate. Depuis les luttes du début du XXIe siècle, les luttes contre la guerre du Golfe et le Non à la guerre, l'altermondialisme ou le 15M, un tissu militant très puissant s'est régénéré. Très puissant par ses intentions, ses ambitions, mais aussi par sa capacité de comprendre le monde et de proposer des alternatives. Il y avait beaucoup de rigueur, beaucoup de niveau. L'entrée de BeC dans l'institution désactive soudainement de nombreux espaces sociaux et de quartier à diverses échelles et pour diverses raisons. Parce que beaucoup de gens qui étaient dans ces plateformes, ces associations et mouvements, entrent dans BeC et entrent à la mairie. Des personnes issues de luttes pour l'eau, pour le logement, etc. entrent à la mairie. Alors ils affaiblissent la rue. Et d'autre part aussi, le fait qu'Ada Colau soit dans l'institution désactive la confrontation Rue / institution. "Nous n'allons pas nous chamailler avec Ada Colau. » "Aidons-la un pour qu’elle fasse quelque chose. "Si on s'en prend à elle maintenant, on fait quelque chose de mal ». C'est quelque chose qui pendant ces 4 années a eu de graves conséquences pour le mouvement, pour cette Barcelone rebelle. Ainsi, tout comme la ville a d'un réseau d'entités public-privé, elle a aussi un réseau de mouvements sociaux qui agissent entre eux. Par exemple, la plate-forme La Fira o La Vida a déjà réuni 60 mouvements très divers qui sont à l'échelle de la ville, à l'échelle des quartiers, de la PAH, le syndicat des locataires, de Ecologistas en acción, la plate-forme pour la qualité de l'air, la Confédération des quartiers de Catalogne. En d'autres termes, des mouvements très différents qui traitent de questions aussi diverses que le logement, l'économie, l'écologie, la culture et la démocratie. Et ce réseau, qui avait été fragilisé durant ces 4 années, a été désarticulé. Mais maintenant, nous avons de nouveau grandi. Maintenant qu'Ada Colau a conclu une entente avec le PSC (Parti socialiste catalan), il y a de nombreuses situations comme celle de l'Ermitage, où les gens n’ont plus les yeux bandés. On commence à oser affronter dialectiquement la mairesse, qui n'est plus la militante, mais la mairesse et qui fait mal des choses. Il y a des luttes dans lesquelles cela peut être dit à haute voix. Il y a des assemblées où les gens n'ont plus peur, n'ont plus honte ou n’hésitent pas à le dire. C'est très sain pour la démocratie. Il est très important qu'il y ait cette tension entre la rue et l'institution. Parce que, tout comme l'institution subit de très fortes pressions de la part des lobbies, l'institution a besoin également de subir de très fortes pressions de la part de la rue. Sinon, elle va sur du côté des lobbies. Ce n'est pas une mauvaise chose, c'est une bonne tradition.

Une réflexion à ce sujet. En parlant avec les gens d'ici, on dit qu’il semble plus facile pour les gens de gauche en général de s'affronter que de construire quelque chose ensemble.

Oui, précisément dans cet ADN dont je parlais, qui est né au début du 21ème siècle, de l'altermondialisme, du mouvement Non à la guerre, du 15M. Ce qu'il y a de puissant dans cette nouvelle vague d'activisme qui a rajeuni les associations clientélistes de quartier, c'est qu'elles sont non seulement très puissantes dans la proposition, mais aussi très puissantes dans la protestation. Il en existe des exemples emblématiques. Par exemple, le conflit entre le CAP du Raval Nord (Centro de atención primaria - Centre de première attention) et le musée MACBA. Les alternatives que les mouvements sociaux proposent d'en bas sont beaucoup plus rigoureuses que les propositions qui viennent des institutions. Ou, par exemple, à la Via Laetana N°10, qui est un immense bâtiment appartenant à la municipalité à l'épicentre de la zone de gentrification, en 2016 le conseiller municipal Jaume Collboni a voulu créer un centre pour entrepreneurs numériques. Les mouvements de base se sont organisés pour exiger que de ce bâtiment on fasse 170 logements sociaux. Ils ont fait des plans, des esquisses… Bref, il y a eu une proposition ! La plate-forme La Fira o la Vida, a une proposition alternative à l’enceinte de foire. Il s’agit d’un quartier ouvert conçu pour accueillir des milliers de logements sociaux, des installations de proximité et des lieux productifs. C'est une protestation, mais c'est aussi une proposition. Et c'est très important.

Cette culture, cet ADN, dont vous avez parlé, était à la fois positif pour BeC, mais en même temps il y restait que "l'Etat et nous, n’avons rien à voir l’un avec l’autre". Les habitants des quartiers avec leurs habitudes d'organisation, à travers les coopératives par exemple, constatent que d'un jour à l'autre vient une mairesse qui dit "la proposition doit passer par tel canal ». Nous avons étudié des exemples forts d'organisation tels que la Coopérative intégrale de Catalogne qui refuse toute sorte de lien avec une entité publique.

En effet, ce que vous dites est un aspect très important. J'en ai fait l'expérience de première main. Ce n'est pas quelque chose de nouveau. Pendant la guerre civile espagnole, la gauche s’entretuait ici à Barcelone entre communistes et anarchistes et trotskystes, tandis que Franco avançait. Rien de neuf. En fait, ce qui s'est aggravé à Barcelone au Comú, c'est que le poids du courant Iniciativa en son sein a augmenté. Iniciativa est une force beaucoup plus stalinienne, beaucoup plus verticale. Et la partie plus libertaire, venant du côté d'Ada Colau, a perdu l’équilibre. Et encore davantage avec l'entrée du PSC au gouvernement. Et il est vrai qu'il y a encore beaucoup d'affrontements à Barcelone entre les différentes gauches, ce qui est très douloureux - et entre-temps la droite regarde ça avec le sourire en mangeant du popcorn. Je pense que cette confrontation tient au fait que le bloc le plus communiste, le plus stalinien distingue très clairement entre le public et le privé. C'est leur obsession, cette distinction entre le public et le privé. D'un autre côté, le bloc trotskyste le plus libertaire, le plus anarchiste, comme vous voulez l'appeler, ne fait pas tant de distinction entre le public et le privé, mais entre le grand et le petit. C'est-à-dire que le public peut aussi être totalitaire, il peut être tyrannique. D'autre part, il y a des initiatives qui ne sont pas gouvernementales mais qui ne sont pas non plus lucratives, comme les coopératives, comme certains projets scolaires, comme certaines entreprises de consommation responsable qui ne sont pas gouvernementales mais qui sont plus démocratiques, plus justes, plus durables. Chez cette tendance, la confiance envers le secteur public n'est pas si forte. Le public peut aussi être mauvais. En fait, à Barcelone, l'architecture institutionnelle dans de nombreux domaines est conçue de telle sorte que le public, qui est très grand et très puissant, favorise les intérêts privés, comme nous l'avons dit avec les lobbies qui agissent au sein des institutions. Il y a donc cette tension.

Je pense qu'à l'heure actuelle, l'activisme à Barcelone comporte trois menaces majeures. En d'autres termes, il existe de nombreux mouvements sociaux qui, de manière bien intentionnée, ont trois problèmes, trois malentendus, trois confusions. L'un d'eux serait le populisme végétal. Nous l'avons vu par exemple à Gracia avec "Salvem l’alzina", nous le voyons à Vallcarca avec le nouveau plan. Les gens confondent ce qui est écologique avec ce qui est tout simplement vert. Par exemple, un terrain de golf est vert, mais il n'est pas écologique. Par contre, une ligne de chemin de fer est très grise, elle n'est pas verte du tout, mais elle est très écologique. Il confond le vert avec l'écologique. Mario Gaviria a également appelé cela l'idéologie de la chlorophylle. Et c'est très répandu au sein des mouvements sociaux de base. Ils veulent une ville plus verte, tout le monde préfère avoir un parc, un jardin devant leur maison, plutôt qu'un bloc de logements sociaux. Certaines situations génèrent donc beaucoup d'affrontements au sein de la gauche. On dit "vous construisez... un espace public". Créer des logements sociaux pour les familles expulsées pour incapacité de payer leur hypothèque. Ils ont une phobie de la brique. La brique n'est que spéculation. Mais les briques sont utilisées pour construire des hôpitaux publics, des écoles publiques et des logements sociaux. Cette confusion doit être dissipée car elle génère de nombreux malentendus. Deuxièmement, le patrimoine minéral, c'est qu'il y a souvent un attachement voisin pour l'ancien, pour les maisons de la rue Encarnación, qui sont de petites maisons de quartier authentique. Et pas à cause du bloc qu'ils veulent faire ici à la place de ces petites maisons. En vérité, ce ne sont pas des petites maisons, bien qu'on les appelle comme ça. Ce sont des petits palais qui, une fois rénovés, ne peuvent être achetés que par un riche. Ils ne sont pas donnés aux habitants du quartier. De plus, il est nécessaire de faire comprendre aux gens qu'entre les modèles de Venise et de Naples dans leur rapport au patrimoine, nous sommes beaucoup plus intéressés par celui de Naples. C'est une ville avec beaucoup de patrimoine mais avec une relation beaucoup plus fluide et perméable avec ce patrimoine. Il y a des petites culottes accrochées devant les chapiteaux. A Venise, en revanche, c'est la taxidermie. C'est comme un animal desséché aux yeux de cristal. La pierre, le minéral, est préservée, mais le patrimoine intangible, le tissu social qui l'habite, disparaît. C'est aussi un très grand danger à Barcelone. Il existe des pouvoirs municipaux pour protéger le patrimoine minéral. Mais il y a très peu d'outils pour empêcher la gentrification de ce patrimoine, et que l’on fasse un hôtel en respectant parfaitement l'ancien bâtiment mais en le vidant des habitants. Ce patrimoine intangible des quartiers est également très important. C'est un problème culturel qui doit être combattu dans les assemblées, dans les manifestations, dans les rues.

Le troisième problème est le plus douloureux de tous, c'est l'activisme antisocial. C'est un type d'activisme qui est souvent bien intentionné et qui est le produit de l’inconscience. Au sein du sujet ‘voisin » - "Les voisins voulons je ne sais quoi", "Les voisins voulons je ne sais pas combien" - la diversité idéologique des voisins n'est pas reconnue, il y a des voisins populistes et des voisins néo-facistes. Surtout, il n'y a pas de reconnaissance d'un conflit très ardent à Barcelone qui n'est pas tant un conflit de classes qu'un conflit de générations. Il y a un conflit générationnel entre les personnes âgées et les jeunes. Parce que depuis de nombreuses années, les politiques de logement ont encouragé l'achat d'hypothèques. Ainsi, nous avons toute une couche générationnelle qui peut être de classe inférieure mais qui a eu accès à la propriété. D'autre part, 80% des jeunes de moins de 30 ans ne peuvent s'émanciper de la maison de leurs parents ou sont des locataires précaires, sous-traitants, sous-locataires. Il y a un conflit entre les propriétaires et les locataires. Si maintenant, en tant que gouvernement municipal, j'investis 10 millions d'euros pour sauver les maisons de la rue Encarnación et faire un très beau jardin et des équipements municipaux, automatiquement la valeur des propriétés environnantes augmente. Ainsi, les voisins activistes qui sont propriétaires en profitent, mais en revanche, le prix du loyer des maisons qui sont là devient aussi plus cher et certains jeunes locataires devront aller ailleurs. Il y a beaucoup de revendications d’habitants de quartiers qui finissent par avoir un effet de gentrification parce qu'elles favorisent les propriétaires et ne prennent pas en compte les locataires. Par exemple, au cours de ce mandat il y a eu 2 requalifications urbaines majeures dans la montagne Montjuic. L'un est le quartier de La Satalia qui est au-dessus de Poble Sec et l'autre est La Font de la Guatlla, qui est de l'autre côté de Foire Montjuic. La première requalification, faite à l'époque du maire Trias, a touché toute une zone qui a été expropriée et dérivée. De très jolies maisons qui étaient en danger. A l'époque de Trias, il a été décidé de requalifier la zone et non de la dériver. Ainsi, le lendemain de la requalification, la valeur de ces propriétés a été multipliée. Elle a explosé. Puis, certains des militants du quartier qui se battaient pour sauver le quartier de la dérive sont soudain devenus multimillionnaires. Par exemple, Ana Menéndez, présidente de la Fédération des associations de quartier de Barcelone, militante qui est devenue multimillionnaire à la suite de sa lutte. D'autre part, il y a eu une requalification d'un quartier voisin pendant le mandat d'Ada Colau. Tout cela a été reconnu. Nous n'allions plus exproprier et dériver le quartier. Nous reconnaissons que vous êtes ici. Mais cette requalification, cette reconnaissance impliquait automatiquement que toutes ces maisons étaient protégées à un prix réglementé. Ainsi, vous sauvez les propriétaires qui n'ont plus à partir et leurs maisons ne sont pas dérivés, mais vous sauvez aussi les locataires qui continuent à avoir des prix abordables et le quartier ne se gentrifie pas. C'est un exemple d’urbanisme qui démontre que si l'activisme n’est pas conscient que toute amélioration urbaine complique grandement la vie de ceux qui ne sont pas propriétaires des locataires, peut être antisocial.

Très intéressant, pour conclure, en prenant par exemple la Fira o la Vida, comment voyez-vous la communication avec l'entité publique? Y a-t-il une possibilité de progrès dans le débat et, idéalement, un changement de politique ?

C'est très facile : le 23 juin, les militants de la plateforme la Fira o la vida, nous somme réunis à la mairie, environ 5 personnes de la plateforme, avec Janet Sanz qui est la responsable de l'urbanisme, Marc Serra responsable de la participation mais aussi le conseiller du quartier de Sants Montjuic, d’autres responsables du logement, Lucia Martin, et une série de responsables de la mairie, et nous leur avons présenté plusieurs points. Il y a eu plusieurs accords. Le premier est que nous avons exigé que le gouvernement municipal rende public le document de mission. Le document en vigueur actuellement, à partir de l'époque de Trias, qui dure jusqu'en 2025 et indique les conditions, les prix, les termes de ce contrat. Jusqu'à présent, ce n'est pas public. Ils nous ont dit qu'ils le rendraient public. Ce n'est pas encore arrivé. Nous sommes au seuil de la transparence parce qu'à l'heure actuelle, même s'ils nous ont dit que oui, ils ne l'ont pas fait. Ensuite, nous leur avons dit de rendre public le projet Fira Universe, qui est mentionné dans un accord institutionnel mais qui n'a pas été dévoilée. Nous n'avons pas vu les esquisses, les plans, combien de mètres pour le logement, combien de mètres pour les congrès. On ne sait pas ce qu'ils veulent faire. Ils nous ont dit qu'ils allaient aussi le rendre public et cela ne s'est pas encore produit. Ensuite, nous avons exigé l'interruption de ce projet de cession et de rénovation, qui, comme je l'ai dit précédemment, n'est toujours pas terminé parce qu'il doit encore être voté en plénière. Qu'il soit interrompu et qu'un processus participatif transparent soit ouvert avec les citoyens. Ils nous ont dit que cela devrait se faire. Nous devons leur donner du temps parce que cela ne se fait pas du jour au lendemain, mais nous verrons. Et nous avons également demandé à la mairesse de réagir à toutes les demandes présentées par la plateforme depuis le 30 mai. Comme aucun conseiller municipal de Barcelona en Comú ne nous a répondu, pas plus qu'elle, dans les réseaux sociaux, nous avons fait une lettre officielle signée par les entités qui composent la Fira o La Vida et nous l’avons remise formellement à la mairie. Une lettre adressée à la mairesse avec ces demandes. Elle ne nous a pas encore répondu. Nous voulons une déclaration publique de la mairesse qui se positionne sur cet endroit. Nous pensons que cette déclaration serait très utile pour ouvrir le débat aux citoyens. La première chose que nous voulons, c'est ouvrir un débat démocratique au sein duquel nous nous positionnerons en faveur de l’idée que cet endroit cesse d'être une enceinte fermée pour devenir un quartier ouvert, diversifié et abordable. Mais même si nous perdons dans le débat et qu'à la fin, les gens préfèrent Blackstone et Volkswagen, c’est parfait. La première chose que nous voulons, c'est que ce débat soit ouvert et que les décisions ne soient pas prises dans l'ombre des officines. Une déclaration de la mairesse serait donc très utile. Parce que les médias, les grands journaux ne nous aident pas du tout. Par exemple, j'ai écrit un article expliquant tout cela sur la Foire pour un journal, El Periódico de Catalunya, dans lequel j'écris habituellement. Et ils ont répondu qu'ils ne pouvaient pas le publier parce qu'ils avaient beaucoup de travail sur la question de l'indépendance. J'ai donc dû le publier dans un autre média, La Directa, qui est un média beaucoup plus social, mais avec beaucoup moins de projection. Et cet été, El Periódico a demandé à Jaume Palomera, le porte-parole du syndicat des locataires, un article sur la situation du logement. Jaime Palomera m'a très gentiment proposé qu’on écrive ensemble l'article sur la Foire de Montjuic pour qu’il soit publié en août dans le journal. Eh bien, nous avons écrit l'article qui a été commandé par le journal et ils ne l'ont pas publié. En d'autres termes, les médias ont très peur de la Foire de Barcelona, de la Chambre de Commerce. Comme je l’ai dit, lors du Mobile World Congress 2019, il y a eu une grève du métro qui n'a été rapporté dans aucun journal, qui n'est pas par exemple paru dans la Vanguardia.

Eh bien, avez-vous quelque chose à ajouter sur votre vision de l'avenir ?

Je suis très optimiste. Aujourd'hui, il se passe quelque chose de très beau sur de nombreux fronts. Par exemple, je pense que l'apparition des syndicats de locataires est l'une des meilleures choses qui soient arrivées à Barcelone depuis de nombreuses années. Ce sont de très jeunes gens, très bien préparés, des universitaires, des doctorants, il y a beaucoup de visages, pas seulement Jaume Palomera. Il y a aussi beaucoup de jeunes femmes qui expriment des idées très censées et les mettent en avant. Il y se passent des choses sur les problèmes de pollution et d'écologie. Maintenant nous avons cette grève mondiale le 27 septembre et il y a beaucoup d'organisations de base à Barcelone, Youth for Climate, Fridays for Future, Extinction Rebellion, il y a la plate-forme pour la qualité de l'air. De nouvelles organisations émergent comme Eixample Respira qui luttent contre l'automobile et la pollution. Il y a beaucoup d'activités. La plate-forme citoyenne la Fira o la Vida fait mardi prochain, le 17 (septembre ndlr), sa première assemblée ouverte avec toutes les entités qui l'ont soutenu, à la Lleialtat Santsenca à Sants. Et on débattra au sujet de cinq grands fronts, à savoir le logement, l'économie, l'écologie, la culture et la démocratie. Il y aura des militants des plates-formes et des entités qui travaillent sur ces fronts autour du site de cette enceinte. Pour moi, c'est une chose positive qui se produit et qui me donne confiance en l'avenir. Tant qu'il y aura des citoyens, une société civile organisée qui soulève des questions importantes de façon sérieuse et qui s'organise et se mobilise - pour moi, c'est la solution de l'avenir. Et c’est en train de se faire. Barcelone n’est pas morte. Ce n’est pas fini. Au contraire, ça resurgit. Ça revit.

Merci beaucoup.


.

Entrevue con David Bravo

por Alain Ambrosi. Barcelona, septiembre de 2019. Traducción Nancy Thede. Translacción Camille Laurent.

Me llamo David Bravo soy arquitecto, llevo muchos años dedicándome a la reflexión y al debate sobre cuestiones urbanas como la democratización del espacio publico, la movilidad justa y sostenible o el derecho a la vivienda y el derecho a la ciudad. He estado 15 años trabajando en el centro de cultura contemporánea de Barcelona, el CCCB, ocupándome de organizar exposiciones, conferencias, incluso premios, sobre estas materias. Y también he estado muchos años dedicándome a muchas luchas activistas o vecinales en distintos espacios, en defensa de los barrios. En Ciutat Vella por ejemplo, he estado involucrado en un espacio que se llama la Negreta del Gòtic, que es un espacio donde confluyen varias luchas contra la privatización del puerto de Barcelona por ejemplo. O cuestiones como la gentrificación. Y también estoy vinculado a otros movimientos como por ejemplo la Plataforma para la cualidad del aire que lucha contra la hegemonía del coche en la ciudad.

Entonces a partir del año 2014, a través de distintos compañeros de lucha que tenia cercas, entré en un espacio que se estaba gestando, que todavía no se llamaba ni Guanyem Barcelona y que quería promover una entrada en las instituciones, en el ayuntamiento, en las elecciones municipales. Eramos unos 14 al principio, en lo que estaba, por supuesto, la alcaldesa y también gente como Joan Subirats, y otras personas como Gala Pin. Entonces estuve vinculado a la gestación de Guanyem Barcelona que después paso a llamarse Barcelona en Comú. He dedicado 5 años de mi vida que han sido muy enriquecedores. He hecho muchos amigos. He conocido mucha gente interesante. Aprendí muchísimo : he hecho 5 Masters ahí dentro.

A partir de cierto momento, cuando ya habíamos ganado las elecciones, también entré a trabajar en el ayuntamiento como asesor de la alcaldesa en el desarrollo y la implementación de una estrategia transversal de lucha contra la gentrificación, que como sabes es un fenómeno nuevo, que los ayuntamientos todavía no están acostumbrados a abordar de forma transversal. Exige que se ponen en juego lógicas de departamentos muy estancos, muy distintos como por ejemplo la concejalía de vivienda, la de urbanismo, la de economía, la de comercio, incluso la de cultura o la de relaciones internacionales. Tienen que trabajar con una mirada conjunta y transversal para abordar esta cuestión. Porque sino lo que ocurre es que lo que hace la mano izquierda, se contradice con lo que hace la mano derecha. Entonces estuve asesorando la alcaldesa en la implementación de esta estrategia durante 3 años, hasta febrero del 2019, cuando presenté mi dimisión y salí de BeC porque estaba en desacuerdo con un proyecto que tiene que ver con los comunes urbanos.

Y, puedo añadir que ahora mismo estoy colaborando con David Harvey, que es un geógrafo muy conocido en la cuestión de los comunes urbanos y también muy reconocido por tesis como la de acumulación por desposesión. Estamos comisariando una exposición para la bienal de arquitectura de Chicago que se extrañara la semana que viene. Trata precisamente de Barcelona y de este proyecto de que estaba hablando que es la Fira de Montjuic y también de la plataforma esta de nueva creación con la que me he vinculado que se llama la Fira o la vida. Esta exposición se llama Red Carpets, Alfombras Rojas y su tesis principal es que el capitalismo global, aunque lo llamemos libre-mercado, en realidad esta altamente subvencionado y apoyado por infraestructuras publicas. Y aunque lo llamemos capitalismo global estas infraestructuras publicas son de escala local como el puerto, el aeropuerto, la zona franca, MercaBarna y entidades muy opacas como la cámara de comercio o como Barcelona Turismo que es una entidad publico-privada que recauda todas las tasas turística de Barcelona y los invierte en promoción turística en Barcelona. Es decir son comunes urbanos que son al servicio del gran capital global que esta infringiendo mucho daño a las ciudades como Barcelona a través de actividades que promueven la contaminación, el cambio climático, la crisis climática, o también la especulación, la gentrificación y los atentados contra el derecho a la vivienda y el derecho la ciudad. Entonces estas alfombras rojas son el tema principal de la exposición y las ilustramos a través de este caso concreto que es la renovación por parte de la alcaldesa Colau, de una cesión de 27ha de suelo publico muy céntrico, el recinto ferial de Montjuic que son propiedades municipal, a una entidad muy opaca y incluso anti-democrática como Fira de Barcelona que se dedica a organizar mega-eventos para promocionar la industria del coche. Por ejemplo, el salón del automóvil o de la moto, en una ciudad de mayor densidad de moto de Europa. O el Barcelona Meeting Point que es un congreso del sector inmobiliario en el que se da voz a fondos de inversiones como Blackstone que estan haciendo muchos daños en nuestros barrios.

Entonces el ayuntamiento durante este mandato pasado, ha decidido renovar la cesión de este espacio que se terminaba en 2025. Teníamos tiempo para abrir un proceso de reflexión y debate sobre que queríamos hacer con estas hectareas de suelo municipal tan céntrico. No solo han decidido renovar la cesión sino que es una cesión muy barata en la que Fira de Barcelona solamente paga 2 céntimos de euros por metros cuadrados, que es el equivalente a pagar menos de 12 euros por un apartamento de 80 metros cuadrados en el centro de Barcelona. Es una renovación de esta cesión hasta no sabemos que año, porque no se ha publicado el acuerdo, Hay una falta de transparencia. Y ademas hay una inversión de 380 millones de euros para renovar todo el recinto que esta muy obsoleto y para ampliar el recinto del Hospitalet. Barcelona, es una ciudad que no tiene ningún déficit de infraestructuras congresionales, que es uno de los mayores centros mundiales de celebración de congresos como el Mobile World Congress por ejemplo.

En cambio si que tiene un déficit muy grande de vivienda asequible, de vivienda publica. Tiene un parque 10 veces inferior a la mediana europea y necesita con mucha urgencia grandes inversiones y políticas que combatan la gentrificación y que amplían el parque de vivienda asequible. Con lo cual este proyecto que se llama Fira Universe, es completamente contrario al bien común y a la estrategia contra la gentrificación que esta intentando implementar desde el ayuntamiento.

Esta historia de la Fira de Barcelona y de la cesión a una empresa privada viene en contradicción total con el programa de Barcelona en Comú y también con unas de la politicas que fueron implementadas desde 4 años. Es decir que hubo acciones en contra de los promotores imobiliarios, en contra de los bancos,ect. ¿Cómo se puede explicar que la Fira sea algo a parte?

Es una pregunta muy complicada. No solo es una decisión contradictoria con otras políticas muy positivas y muy revolucionarias que se han implementado en este mandato, sino que es una decisión que llega a anular, llega a contrarrestar los efectos de estas políticas positivas. Pongamos un ejemplo, dos de las grandes innovaciones que se han producido en el pasado mandato en termino de vivienda son la obligación a los promotores privados de dedicar un 30% de cada nueva promoción o de gran realización en en toda la ciudad de Barcelona a vivienda asequible. Eso es una consecución histórica para Barcelona con sus problemas de vivienda asequible, que ha surgido gracias al empuje de los movimientos vecinales como la PAH, como el sindicato de los inquilinos y otros y que se calcula que le dará a la ciudad unos 350 viviendas asequibles al año. Son viviendas asequibles pero no son publicas. Son viviendas privadas de precio regulado y son unas 350 repartida por toda la ciudad. En la Fira de Montjuic cabrían entre 5000 y 10 000 viviendas. Es decir, ¿cuanto tiempo de aplicación de esta nueva media del 30% necesitamos para conseguir lo que ya tendríamos en este recinto ferial?

Por otro lado, otra de las grandes competencias nuevas de la que se ha dotado el ayuntamiento es la de “tanteo y retracto”, no sé como se dice en ingles o en francés, pero es la potencia que tiene el ayuntamiento de tener prioridad, en cualquier transacción mobiliaria entre dos privados, de quedarse con el bien que se esta transmitiendo por el mismo precio. Es una herramienta muy importante para dotar de vivienda publica a los barrios más céntricos donde no hay espacio edificable y esta todo consolidado. Eso en lugar de construir nuevos edificios todos en la periferia, como en la periferia de París, que seria un error porque promueve la segregación espacial. Este retracto de la prioridad a la hora de adquirir un bien que se esta transmitiendo entre privados, también es una muy buena herramienta para combatir la gentrificación, porque puedes dotar a los barrios céntricos de vivienda publica. Tenemos que preguntarnos cuantas décadas, cuantos miles de millones de euros necesita el ayuntamiento para adquirir 27 manzanas de suelo tan céntrico. Tenemos que pensar que estas 27 hectáreas de suelo equivalen a 21 manzanas del Eixample. O sea, todo el Barrio de la Barceloneta donde viven 16 000 personas cabria en este recinto. Contrarresta no solo la lucha por el derecho a la ciudad o el derecho a la vivienda sino la lucha en términos de cambio climático o de contaminación, que es uno de los problemas más grave que tiene Barcelona ahora mismo.

¿Sabes que Barcelona es una de las ciudades más contaminada de Europa? Tenemos una densidad de vehículos récord en el continente. En Londres hay 1200 coches por metro cuadrado. En París hay 1500 coches por metro cuadrado. En Madrid son 3000 y en Barcelona hay 7000 sin contar las motos. Están saliendo ahora cifras del ISGlobal, que es un instituto muy potente en términos científicos y están dando evidencias escandalosas sobre la cantidad de muertes que hay cada año en Barcelona por culpa de la contaminación. Bueno pues, en la ciudad se celebra un día al año, el día sin coche, se hacen cortes en calles significativas y 10 días al año el salón de la automóvil en instalaciones municipales, donde vienen grandes marcas, donde vienen Volkswagen que nos ha mentido con el “Diesel Gate”. Tienen un espacio publico de promoción de una industria que esta haciendo mucho daño, no solo a nosotras como personas sino también al planeta. Esto es totalmente, no solamente contradictorio, sino que anula, todo lo que se ha podido avanzar con el día sin coches, incluso todo lo que se ha podido avanzar con la polémica sobre las Supermanzanas del Poblenou a la que hemos dedicado tantas paginas de periódicos.

La capacidad de influencia hegemónica cultural de estos congresos es muy importante, entonces hay que abordar la cuestión de la Fira de Montjuic como una cuestión cultural. Esto es un reto para [Subirats], en avanzar como cambiar el modelo de las políticas culturales en Barcelona, sobre como abrir el accesos a la producción cultural a nuevos colectivos que no han estado a la sombra del poder. Todos los contenidos que hay en las Firas, en este recinto ferial, son cultura, son conferencias, son exposiciones, son debates que son totalmente acríticos. Son propaganda donde no se da espacio a la ciudadanía para la reflexión y el debate sobre los retos del futuro inmediato. Se esta engañando la ciudadanía. Se le esta mintiendo. Se le esta ocultando información crucial. Y, se le esta vendiendo como si fueran medios consumidores, modelos de mercados turísticos, automovilísticos que son contrarios al bien común.

Entonces tu me preguntabas, ¿cómo es posible que un ayuntamiento tan revolucionario acepte eso? Y no solo lo acepte sino que lo promueva. Ha habido otras situaciones, como por ejemplo la privatización del puerto viejo, que se hizo en el mandato de la alcaldesa, en la que el ayuntamiento, al fin y a cabo tenia poco que decir. Porque el puerto, como sabes, es propiedad del estado español no del ayuntamiento. Otras situaciones como la ampliación del aeropuerto con una otra pista sobre el mar que, ahora, el presidente de Fira de Barcelona esta exigiendo para que Barcelona sea una ciudad de primer orden. Para traer más turista, más congresistas.

Tienes que saber que la Fira de Barcelona atrae dos millones de personas al año. ¡En avión! Dos millones es más que la población de la ciudad. El impacto no es menor. Durante los tres días que dura el World Mobile Congress a Barcelona, acuden 109 mil personas. 109 mil personas que se están moviendo en vehículos privados, con chófer, que están consumiendo agua en los hoteles, están creando residuos plásticos,... Aumentan la demanda hotelera, entonces estos días no se puede encontrar una habitación en un hotel en Barcelona. Saturan la oferta, por lo cual promueven que haya más oferta hotelera.

En fin, la pregunta que me hacías es muy importante. ¿Como puede ser que un ayuntamiento tan revolucionario este detrás de esta decisión? La respuesta no es fácil, es compleja, también porque yo tengo un apego sentimental con este espacio, esta plataforma política a la que contribuí a gestar y a que para poder mirarlo ganar las elecciones he dedicado mucho esfuerzo. Tengo una decepción muy grande por eso. Siempre intento no responder esta pregunta desde el resentimiento y desde la frustración, sino en positivo, como evitarlo más en el futuro. La realidad es que en Barcelona, hay un entramado de entidades publico-privados que son muy opacas, que tienen una gobernanza muy opaca y un gran poder de influencia en comunes urbanos que son públicos. Esto hace que no importa quien gane las elecciones, este entramado continua. Esta en la sombra y tiene mucho poder a la hora de gestionar estos comunes. Hay un ejemplo muy claro que es Joan Gaspart Solves, que es un hotelero muy importante de Barcelona. Ha sobrevivido a todo el mandato de Colau al frente de la cámara de Comercio de Barcelona. Ahora, gracias a que en la cámara de Comercio había unas elecciones y han ganado un grupo de empresarios independentistas, lo han ejectado. Pero por el motivo nacional, no por lo que estaba haciendo. En Barcelona Turismo, el ayuntamiento pone mucho dinero cada año, creo que son 4 millones de euros. Han tenido a diferentes persones como Joan Gaspart, sin que el ayuntamiento dijera nada.

Este entramado de entidades publico-privado están en consejos de administración sobre aeropuerto, el puerto, MercaBarna, zona franca, y Fira de Montjuic. Son espacios públicos que están sujetos a decisiones muy interesadas y muy opacas por parte de entidades privadas. Supongo que la debilidad del gobierno municipal en el mandato anterior, solo 11 concejales de 41, les obligo a elegir las batallas. No podían hacer todas las batallas al mismo tiempo. No podían hacer tabla raza y empezar todo de 0. Entonces ha habido luchas en lo que han decidido no meterse. Pero, esta decisión de alargar la cesión a Fira de Montjuic hasta no sabemos cuanto, una cesión que terminaba en 2025, para mi, no se puede justificar desde este punto de vista. Porque es abrir una nueva batalla que no estaba, sobre un espacio en el que solo el ayuntamiento tiene poder de decisión. Porque aquí, no hay el estado español, ni la Generalitat, ni otras instituciones, es 100% municipal. La explicación es mucho más triste. Es una decisión cortoplacista, como ahora te explicaré. Y es una decisión muy mal tomada, muy injusta. Es una imposición anti-democrática y es un error estratégico. Se tomo en Febrero de 2019 ante la amenaza de que durante el Mobile World Congress hubiera, o podría haber, igual que en 2018, una huelga de metro. En el año 2018, la alcaldesa se tuvo que enfrentar a un escándalo mediático que supuso un incendio de grandes dimensiones para el gobierno municipal. Los periódicos acusaban a la alcaldesa de no querer el Mobile World Congress, de no defender la economía, de no saber resolver o gestionar una crisis con el sindicato de TMB. Fue una crisis muy dolorosa para el ayuntamiento. En el año 2019, a dos semanas del Mobile World Congress, volvió a haber la amenaza de vaga de TMB, la empresa de transportes. De hecho, hubo una huelga durante el Mobile World Congress, pero no hubo ningún titular en los periódicos. Pasó completamente desapercibida. No hubo ningún escándalo. El motivo es que, dos semanas antes del Mobile World Congress, la alcaldesa se junto con el presidente de la Generalitat, la alcaldesa de Hospitalet, la área metropolitana de Barcelona, la diputación de Barcelona, la cámara de Comercio y Fira de Barcelona y hicieron en publico un anuncio diciendo que querían invertir 380 millones de euros para ampliar el recinto ferial de l'Hospitalet y renovar el de Montjuic, según un proyecto muy misterioso que nadie conoce porque no se ha hecho publico. En el acuerdo firmado por las instituciones se menciona que se se llama Fira Universe. No sabemos hasta cuando supone una renovación de contrato. Gracias a esta decisión, el ayuntamiento concretamente Jordi Martí Grau, el gerente del ayuntamiento, consiguió que no hubiera, al cabo de dos semanas, un escándalo, un incendio alrededor del Mobile World Congress. Es decir que es una decisión tomada para evitar una cosa que pasara en 15 días pero que tiene consecuencias que pueden llegar hasta el 2050.

No se puede, volver en este acuerdo ?

Si, para renovar la cesión de facto, es necesario una votación del plenario municipal aprobándola. Eso todavía no ha ocurrido. Si ocurre ahora mismo, con el equilibrio de fuerza que hay en el ayuntamiento, seguro que se aprobara. Todos los partidos que están ahora mismo en el plenario municipal están a favor de esta renovación. El único que estaba en contra era la CUP que ahora ha salido del pleno municipal. Tienes que pensar que el ultimo acuerdo que hizo el alcalde Trias fue en diciembre de 2014. Se aprobó en el pleno municipal con mayoría y fue una renovación de plazo de 11 años, hasta diciembre de 2025. Para alargar esta, necesitas otra votación. Lo que ahí que se ha hecho, es un acuerdo, un texto, firmado por todas estas instituciones, diciendo que se va a invertir 380 millones en renovar el recinto y que se inaugurara en 2028, con motivo del centenario de la exposición universal de 1928 que tuvo lugar en Barcelona y que es el origen de este recinto.

Mencionaste el termino de anti-democrático. Me interesaría desarrollar un poco el tema, porque la decisión, fue tomada, me imagino, dentro del ayuntamiento. ¿No hay discusiones? ¿No hay posibilidad de debate dentro del ayuntamiento sobre este tipo de decisión?

Yo, mientras trabajaba dentro del ayuntamiento como responsable de la estrategia contra la gentrificación, estuve todo un año, luchando internamente, sin decir nada fuera. Hablé con personas como la concejal del distrito, con personas que tienen que ver con vivienda, con personas que tienen que ver con economía, intentando poner este tema sobre la mesa, intentando que no ocurriera esto. Yo ya sabia que estaba pasando esto. Incluso, lo que yo me encontré era un proyecto mucho más feo de lo que puede estar siendo ahora mismo el proyecto. Era un proyecto de privatización, de construcción de vivienda privada para pagar la deuda que adquirió Fira de Barcelona en 2007 a la hora de construir el nuevo recinto Ferial de l'Hospitalet. Había una deuda de 250 millones de euros que se quería pagar privatizando suelo y construyendo edificios de vivienda privada, como siempre ocurre en España. Entonces, estuve un año luchando de dentro pero fui incapaz de contrarrestar lo que hacia el gerente municipal que convenció a la alcaldesa. Mientras tanto, en el espacio político activista de Barcelona en Comú, me fue completamente imposible abrir un debate. De este tema no se podía debatir. Al nivel personal, muchos amigos me daban la razón, inclusos amigos que tenían mucho poder en el ayuntamiento, pero al nivel colectivo, este tema era un anatema.

A otro nivel de participación, vemos por ejemplo que existía hablando de gentrificación, las famosas mesas ciudadanas para la gentrificación en cada barrio. ¿Este tipo de socialización y de intento de hacer un eje publico común cómo lo evaluás?

Creo que ha habido mejoras muy honestas, muy autenticas que son las que estas describiendo. Creo que estas personas encargadas de por ejemplo, la cuestión de la vivienda, han hecho cosas muy importantes y muy necesarias y lo han hecho de corazón, con autenticidad. Hay también personas de urbanismo o personas de vivienda que están en contra de este proyecto. Pero se explica con una falta de transversalidad. Yo de las pocas charlas que he podido tener con la alcaldesa sobre este tema, ella me dijo, “lo de la Fira no es urbanismo. Eso no te metas ahí, eso no es urbanismo, es economía”. Esto es como decir que el Forum de la Cultura de 2004, no es urbanismo sino que es cultura. Esta falta de visión holística y compleja, de la ciudad, para mi es el origen del problema.

En una entrevista que hice con [Mayo Fuster], en unas de las reuniones del pro-común, hemos hablado de este tipo de transversalidad. Ella decía que este tipo de organismo publico pero con correlaciones con las universidades, estaban intentando hacer algo de transversalidad entre los departamento del ayuntamiento. Pero lo que me dices tu, ¿Es que es una cosa casi imposible?

La transversalidad no existe. Es una voluntad, autentica y honesta de mucha gente de Barcelona en Comú y de mucha gente que trabaja en el ayuntamiento pero estamos a nos luz de conseguir abrir las ventanas para que circule aire. Hay un entramado de despachos muy opacos que tienen muchísimo poder de incidencia y que no nos explican lo que están haciendo. Entonces desde abajo se puede empezar a cambiar cositas, pero si comparamos la proporción de estas las novedades, de estas innovaciones, con la magnitud de este entramado de los despachos de poder, que pasan por el gerente municipal, que ahora ya no es gerente sino que es un cargo político, la desproporción es apabullante. Entonces yo creo sinceramente en la autenticidad, en la honestidad de lo que te dijo Mayo Fuster. Trabaje con ella en intentar incidir en el discurso el Smart City Congress, que es un evento que tiene lugar en la Fira de Montjuic, para cambiar un poco el mensaje dentro de la escuela de la Smart City. Por ejemplo apostamos un año por hablar de "Right to the Smart City", derecho a la ciudad inteligente. De mezclar la linea del derecho a la ciudad, con la linea de la Smart City que normalmente son dos mundos que no se encuentran. No lo conseguimos. Siguio siendo el mismo congreso de siempre, mercantilista, donde han ido las grandes corporaciones. Los 4 contenidos que conseguimos conectar estaban ahí arrinconados y pasaban totalmente desapercibidos.

A la vez hubo una publicación bastante buena después de este congreso con esta linea que dices tu del derecho a la ciudad. Pero eso entonces era muy minoritario ?

Era como te digo muy honesto y de calidad, y interesante, pero era completamente despreciable comparado con el impacto en el mundo de las grandes corporaciones, su poder de exhibición dentro del Congreso, las charlas. O sea las personas que venían de Corea del Sur ni se enteraban de lo que estaba diciendo David Harvey que vino, por ejemplo. Es como jugar a que en la mano izquierda arraiga una cosa y la mano derecho haga otra cosa contraria.

Y si hablamos por ejemplo, de reuniones como Fearless Cities. Que tipo de impacto este tipo de reunión puede tener sobre la política municipal barcelonesa ?

Yo creo mucho en el espíritu de Fearless Cities. Creo que una de las tareas importante que ha desarrollado Barcelona en Comú, desde su llegada al ayuntamiento, es defender a la escala internacional el municipalismo. Ahora mismo tenemos, como sabes, una amenaza neo-fascista en el mundo, en Europa, en países muy relevantes como Reino Unidos, en Italia, en Estados Unidos, en Brasil, sabes de que te hablo. Y en España por supuesto. Creo que ahora el mundo se enfrenta a una amenaza democrática, una amenaza contra la democracia. Por un lado esta todo un compendio de fuerzas políticas que van desde la derecha neo-liberal hasta la social democracia, que aparentan estar en conflicto pero que en realidad hacen las mismas políticas económicas. El Partido Socialista de Cataluña, el PSC esta absolutamente a favor de privatizar la Fira y que quiere organizar otra nueva exposición universal. Hillary Clinton la social-democracia, Pedro Sánchez, todos estos están de acuerdo con el Partido Popular, y el neo-liberalismo. Aparentan estar en conflicto pero no. Están de acuerdo en las políticas económicas. Son políticas económicas neo-liberales que generan mucho mal estar y mucho dolor tanto al nivel ecologista, de cambio climático, de contaminación, de contenedores marítimos tripulando, vendiendo mercancías a escalas planetarias, como también al nivel social, de precariedad laboral, de concentración de riqueza, etc. Esto ha hecho que las clases populares sientan un desapego hacia la izquierda que sienten que no las defienden esta izquierda social democrática, y que antiguos comunistas franceses pasen a votar a Le Pen. Se pasen a otra fuerza que esta emergiendo. Esta es liberal, la segunda es nacionalista, es populista, culpa los inmigrantes y esta en contra de la liberalización económica. "Make America Great Again" dice Trump. Volvemos a las clases obreras, a los puestos de trabajo americanos manufactureros. Es una mentira. Esto no va conseguirlo, pero es una propuesta que le llega a la gente. Entonces la gente se desplaza hasta esta derecha. En medio de estos dos bloques, el pro-globalización y el anti-globalización, esta amaneciendo, esta surgiendo una nueva apuesta política que es muy importante que es el municipalismo. Es una apuesta de escala internacionalista pero que defiende realmente una transición de la economía para superar el capitalismo global y defender lo local. El municipalismo es resolver la contradicción del Glocal. piensa en global, actuá en local. Confió mucho en eso. Y Fearless Cities a hecho mucho en este sentido para transmitir y darle fuerza a este mensaje al nivel transaccional. Ha hecho una red de ciudades que es muy importante. Las ciudades son la administración publica más pequeña pero la más cercana a a ciudadanía. Por lo tanto son las que mejor están para combatir fenómenos como la contaminación o la gentrificación. Entonces es muy importante que sean capaces estos gobiernos tan pequeñitos. ¿Cómo pueden administraciones tan pequeñitas hacer frente a amenazas tan globales como el Capitalismo, o el Cambio climático? La respuesta es que lo pueden hacer si forman alianzas de ciudades internacionales. Cosa que está pasando y ha pasado mucho durante este mandato. He trabajado mucho con Londres, Nueva York o París. Hicimos un manifiesto que la alcaldesa ha leído en la ONU, que se llama "Cities For Adequate Housing". Lo puedes consultar, esta publicado. Es una muestra de como el municipalismo puede cambiar el mensaje. Antes de todo es una batalla cultural para cambiar el marco regulativo de la EU, cambiar ciertas faltas de competencias y de recursos que no tienen la ciudades y lo necesitan para hacer frente a ciertas amenazas. Para mi, el municipalismo es importantísimo y el Fearless Cities ha sido muy útil para conseguirlo.

Hablando de Fearless Cities y otras cosas, lo que me interesaría son dos cosas : Uno, hay algo de positivo que se hizo durante estos 4 años al nivel de política realmente activas y consecuentes ? Y también, al nivel cultural, que me parece muy importante, para cambiar un poco el discurso desde dentro. Lo que parece uno de los desafíos más grande en pasar del eje publico-privado a un eje publico-común es el cambio de mentalidad, cambio de discurso, y también cambio de canales para posibilitar estas cosas. Pensaba que BeC había empezado la instalación de canales de comunicación entre lo publico y lo común. Me gustaría que me hagas un balance de eso.

Yo creo que la respuesta es doble, por un lado al nivel cuantitativo, si intentamos medir los efectos de la nueva política en la institución, es un fracaso estrepitoso. Ahora mismo en Barcelona hay más contaminación, hay más coches, hay precios de vivienda menos asequibles, hay más desahucios, hay más gentrificación que hace 5 años. Hay más turismo, hay más congresos, hay más cruceros. Es decir, al nivel cuantitativo las cosas buenas que se intentaron hacer para combatir no han sido suficientes. No es responsabilidad del ayuntamiento. Es porque el marco global va empeorando y también porque las administraciones publicas que tienen competencias, por ejemplo para regular el alquiler, o recursos para invertir en vivienda publica no están haciendo nada, no están ayudando al ayuntamiento, que es muy pequeño. Al nivel cuantitativo, los efectos, el saldo de esta entrada de la nueva política en la institución es negativo. Esto es muy triste decirlo pero es así. No es una opinión subjetiva. Esto es científico, cuantificable. Ahora bien, hay un aspecto muy positivo, además es un aspecto fundamental, como tu bien decía, que es la cuestión de la batalla cultural. Lo que ha conseguido BeC, al entrar en la institución, es cambiar los temas del debate. Hace 5 o & años, expresar en publico en Barcelona la opinión de que el turismo masivo hacia daño a los barrios era un anatema, era estar en contra de la economía, era ser un comunista trasnochado, y era no entender la realidad y el progreso. Hay que fijarse en polémicas como la de la conexión del Tranvía por la Diagonal o en polémicas como la de la supermanzana del Poblenou. Era, ser un radical que no tiene los pies en el suelo. Al cambio, al día de hoy, es hegemónico el consenso y la opinión de la gente sobre por ejemplo que el tema de la vivienda es el primer tema a que más preocupa la ciudadanía, sobre que hay que hacer políticas publicas de vivienda y no se puede confiar el acceso a la vivienda al mercado privado. El mercado privado falla a la hora de garantizar este accesos para la mayor parte de la población. También, se ha ampliado muchísimo el consenso sobre que hay una emergencia climática y hay que actuar con políticas ecológicas. Hay que combatir la contaminación. El vehículo privado no puede ser el centro de la calle. Esto es un cambio del sentido común de la gente que se ha desplazado en la izquierda. Y esto es muy importante porque, gobierne quien gobierne, en el futuro cada vez lo tendrá más difícil para desarrollar según que políticas porque la gente estará en contra.

También, se ha sacado este ayuntamiento a temas que no son competencias del nivel municipal, como el tema de la energía, el tema de la salud, ect.

Esto lo dice muy bien Joan Subirats. El ayuntamiento, no solo tiene competencias, sino también tiene que tener incumbencias. Es decir, aunque la crisis de los refugiados no es competencia municipal, la política municipal tiene que posicionarse para dar una respuesta. Y las ciudades están dando una respuesta mucho mejor que organismos supra-municipales como los estados o la UE. Entonces, da igual las competencias, lo que importa son las incumbencias. A mi me incumbe que se esta ahogando gente en la Mediterránea, que haya una crisis climática, que haya una finaciarización de la economía, etc.

Y adelante va ser importante la cooperación con otras ciudades en cuenta a eso, contra AirBnB, y también, por los inmigrantes.

Efectivamente. Hubo pasos muy importantes, ya te digo, no a nivel cuantitativo, que ha habido un retroceso, sino al nivel de discursos, de cambio de mentalidad, de consciencia ciudadana.

Y si hablamos ahora de lo que viene, de las perspectivas. Lo que dices es que vemos una casi imposibilidad de cambiar la dirección. En el nuevo municipalismo, de Harvey y otros, y como lo muestra nuestro [Atlas des Communs urbains], cuando hablamos de Barcelona o de Milano, hablamos de comunes diferentes. En Barcelona, hay una "toma de la institución" que hace más pensar al nuevo municipalismo, que a una gestión simple de los comunes urbanos. En Barcelona, existe en el departamento de participación una relación con las asociaciones de vecinos para gestionar unos comunes urbanos. Pero en relación con la entrada en las instituciones, lo que me dices, ¿es que el eje privado-publico es tan fuerte que no funciona?

Nunca pronunciaría esta frase.

Mais alors quand on essaye de voir les défis et les possibilités comment est-ce possible de changer ça ? On a parlé de l'aspect culturel, c'est une chose, mais le reste ?

Nosotros entramos en la institución al grito de "si se puede", que viene un poco del "Yes we can". El hecho de que hasta ahora no se haya podido, no significa que no se puede en el futuro. Yo soy profundamente optimista. Como decía Gramsci, "el pesimismo de la inteligencia  y el optimismo de la voluntad". Creo que se puede hacer muchísimo. Tenemos que aprender de los errores, tenemos que poder tener debates internos sobre que se ha hecho mal y que se ha hecho bien y que falta por hacer. Reconocer las fuerzas que hay, las contradicciones y ser capaces de ver donde, todavía no se ha actuado, y donde se ha actuado en el mal sentido. Esto es muy importante. Entonces, yo creo que cuando BeC entro en el Ayuntamiento fue una revolución histórica. El hecho que una activista ocupara el sillón de un alcalde, la primera vez con una mujer, la primera vez que entraba una persona de clase baja en la alcaldía, y una persona que todos conocíamos en situaciones muy pocas institucionales, como que la arrastrada la policía. Esta entrada fue, tan revolucionaria, tan histórica, que tuvo un efecto negativo en el ADN revolucionario de Barcelona. Barcelona es una ciudad, como sabes, muy rebelde. No es nuevo, es centenario. Ha sido la capital del anarquismo. Ha sido una ciudad donde se han desarrollado luchas sociales muy importantes. Tiene un entramado, un tejido, que estaba muy envejecido. Las asociaciones de vecinos, tenían relaciones muy clientelares con el ayuntamiento social-democrate. Desde las luchas del principio del siglo XXI, las luchas contra la Guerra del Golfe y el no a la Guerra, o el altermundismo o el 15M, se ha regenerado un tejido activista muy potente. Muy potente en cuanto a sus intenciones, a sus ambiciones, pero también muy potente en cuanto a su cualidad de comprender el mundo y de proponer alternativas. Había mucho rigor, mucho nivel. La entrada de BeC en la institución, desactiva de repente muchos espacios, sociales y vecinales de escalas distintas, de barrio o de ciudad, por varios motivos. Porque mucha gente que estaba en estas plataformas, estas asociaciones y movimientos, entran en BeC y entran en el ayuntamiento. Gente de luchas del agua, de luchas de la vivienda, ect, entran en el ayuntamiento. Por tanto debilitan la calle. Y por otro lado también, el hecho de que Ada Colau este en la institución desactiva la confrontación Calle / institución. "No vamos a meternos con Ada Colau". "Ayudemos-la un poco, que haga algo". "Si ahora nos metemos con ella, estamos haciendo algo mal". Esto es algo que durante estos 4 años, ha tenido consecuencias graves para el movimiento, para esta Barcelona rebelde. Así, como la ciudad tiene un entramado de entidades públicos-privados, tiene un entramados de movimientos sociales que actúan entre ellos. Por ejemplo la plataforma la Fira o la Vida ha congregado ya a 60 movimientos muy diversos que son de escala de ciudad, de escala de barrios, la PAH, el sindicato de inquilinos, ecologista en acción, la plataforma por la cualidad del aire, la confederación de vecinos de Cataluña. O sea movimientos muy distintos que abordan temas tan diversos como la vivienda, la economía, la ecología, la cultura, o la democracia. Y este entramado que se había debilitado durante estos 4 años, se había quedado descolocados. Pero, ahora ya nos hemos hecho mayores otra vez. Ahora después que Ada Colau pacte con el PSC, hay muchas situaciones como el Ermitage, en la que la gente ya se la cae la venda de los ojos. Empieza a atreverse a confrontarse dialécticamente con la alcaldesa, que ya no es tanto una activista, sino que es la alcaldesa y hace cosas mal hechas. Hay luchas en las que esto se puede decir en voz alta. Hay asamblea en la que la gente ya no tiene miedo, ni vergüenza, ni reparo en decirlo. Esto es muy sano para la democracia. Es muy importante que haya esta tensión entre la calle y la institución. Porque igual que la institución esta sometida a presiones muy fuertes por parte de los lobbys, la institución también necesita estar sometida a presiones muy fuertes por parte de la calle. Porque sino, se va del lado de los lobbys. No es malo, es buena tradición. Una reflexión sobre eso. Hablando también con gente que es de aquí, parece más fácil, para gente de izquierda en general, de enfrentarse que de construir algo conjunto.

Si, precisamente en este ADN de que te estaba hablando, que nació al principio del siglo XXI, del altermondismo, con el no a la guerra, con el 15M. Lo potente de esta nueva oleada activista que rejuveneció las asociaciones de vecinos clienteares es que no solo son muy potentes en la propuesta, sino son muy potentes en la protesta. Hay ejemplos emblemáticos de esto. Por ejemplo, el conflicto entre el CAP del Raval Nord y el MALBA. La alternativa que están dando los movimientos sociales desde abajo, es mucho más rigurosa que las propuesta que están dando las instituciones. O por ejemplo, en Vía Laetana N°10, que es un edificio enorme de propiedad municipal en el epicentro de la zona de gentrificación, en el año 2016, el concejal Jaume Collboni quería hacer un centro para emprendedores digitales. Los movimientos de base se organizaron para exigir que de este edificio se hiciera 170 viviendas publicas. Hicieron planos, dibujos. ¡Había propuesta! La plataforma la Fira o la vida, tiene una propuesta alternativa al recinto ferial. Es un barrio abierto que esta dibujado con miles de viviendas publicas, equipamientos de proximidad y lugares productivo. Es protesta, pero también es propuesta. Y esto es muy importante.

Esta cultura, este ADN, del que hablaste, fue una cosa a la vez positiva para BeC, pero a la vez quedaba ahí que "el estado y nosotros no tenemos nada que ver". La gente de los barrios con sus costumbres de organizarse, a través de cooperativas por ejemplo, ve que de un día al otro viene una alcaldesa que dice "la propuesta tiene que pasar por tal canal". Estudiamos ejemplos fuertes de organización como la Cooperativa integral catalana. Pero ellos no querían ningún nivel de agregación con cualquier entidad publica.

Efectivamente, lo que dices es un aspecto muy importante. Lo lo he vivido en primera persona. Es algo que no es nuevo. Durante la guerra civil española, La izquierda se estaba disparando aquí en Barcelona entre los comunistas y los anarquistas y los trotskistas también, mientras Franco iba avanzando. Nada nuevo. De hecho, lo que ha empeorado en Barcelona en Comú es que el peso de Iniciativa dentro de BeC ha aumentado. Iniciativa es una fuerza mucho más estalinista, mucho más vertical. Y la parte más libertaria, que venia del lado de Ada Colau, se ha descompensado un poco. Ya no te digo con la entrada del PSC en el gobierno. Y es verdad que sigue habiendo todavía en Barcelona mucha confrontación entre izquierda distintas, que es muy dolorosa y que mientras tanto la derecha se lo mira sonriendo y comiendo palomitas. Creo que esta confrontación tiene que ver con que el bloque más comunista, más estalinista, distinga muy claramente entre lo publico y lo privado. Esta es su obsesión, la distinción entre lo publico y lo privado. En cambio, el bloque más libertario, anarquista, trotskista, como quieres llamarlo, no distingue tanto entre lo publico y lo privado sino entre lo grande y lo pequeño. Es decir que lo publico también puede ser totalitario, puede ser tirano. En cambio hay iniciativas que no son gubernamentales pero que tampoco son lucrativas como las cooperativas, como ciertos modelos de escuelas, como ciertos negocios de consumo responsable que no son gubernamentales pero son más democráticos, más justos, más sostenible. La confianza en lo publico en este lado no esta tan fuerte. Lo publico también puede ser malo. De hecho, en Barcelona, la arquitectura institucional, en muchos ámbitos, esta diseñada para que lo publico que es muy grande y muy poderos, favorezca a los interés privados, como hemos dicho con los lobbys que actúan institucionalmente. Por lo tanto, existe esta tensión. Yo creo que el activismo en Barcelona ahora mismo tiene tres grandes amenazas. O sea, hay muchos movimientos sociales que de formas bien intencionada tienen tres problemas, tres mal-entendido, tres confusiones. Una sería el populismo vegetal. Esto lo hemos visto por ejemplo en Gracia con "Salvem l’alzina", lo vemos en Vallcarca con el nuevo plan. La gente confunde lo que es ecológico con lo que es simplemente verde. Por ejemplo, un campo de golf es verde, pero no es ecológico. En cambio una linea de ferrocarril, es muy gris, no es nada verde pero es muy ecológica. Confunde lo verde con lo ecológico. Eso también Mario Gaviria lo llamaba la ideología clorofila. Y esto esta muy extendido dentro de los movimientos sociales de base. Quieren una ciudad más verde, todo el mundo prefiere tener en frente de casa un parque, un jardín, en lugar de tener un bloque de viviendas publicas. Entonces algunas situaciones, esta generando muchas confrontaciones en la izquierda. Dicen "estáis edificando ... un espacio publico". Para hacer vivienda publicas para familias desahuciadas. Le tienen mucha maní al ladrillo. El ladrillo es especulación. Pero con ladrillo se hacen hospitales públicos, escuelas publicas, y vivienda publica. Esta confusión hay que deshacerle porque genera muchos malentendidos. Segundo, el patrimonialismo mineral, es que muchas veces hay un apego vecinal por lo antiguo, por las casitas de la calle Encarnación, que son casitas de barrio autenticas. Y no por el bloque que quieren hacer aquí en lugar de estas casitas. En verdad estas no son casitas, aunque ellos lo llaman casitas. Son palacetes que cuando estarán reformado solo podrá comprarlo un rico árabe. No se dan para los vecinos. También, hay que hacer entender a la gente que entre los modelos de Venecia y Nápoles en sus relación con el patrimonio, nos interesa mucho más Nápoles. Es una ciudad con muchísimo patrimonio pero con una relación con este patrimonio mucho más fluida, más permeable. Hay bragas colgadas, delante de los capitolios. En cambio en Venecia, es taxidermia. Es como un animal desecado con los ojos de cristal. Se conserva la piedra, lo mineral, pero el patrimonio intangible el tejido social que lo habita, desaparece. Esto en Barcelona es una amenaza muy grande también. Hay competencias municipales para proteger el patrimonio mineral. Pero hay muy pocas herramientas para evitar que se gentrifique este patrimonio, y que se haga un hotel respectando perfectamente el edificio antiguo pero vaciandolo de vecinos. Este patrimonio intangible de los barrios también es muy importante. Esto es un problema cultural que hay que batallar en las asambleas, en las manifestaciones, en las calles. El tercero es el más doloroso de todos, es el activismo anti-social. Es un tipo de activismo que muchas veces es bien intencionado y se hace por inconsciencia. Dentro del sujeto vecino "Los vecinos queremos no sé que", "los vecinos queremos no sé cuanto", no se reconoce la diversidad ideológica de los vecinos, Hay vecinos populistas y neo-facistas. No se reconoce sobre todo, un conflicto muy ardiente que hay ahora en Barcelona que no es tanto un conflicto de clase sino de generaciones. Hay un conflicto generacional entre la gente mayor y la gente joven. Porque durante muchos año las políticas de viviendas han fomentado la compra hipotecaria. Entonces, tenemos todas una capa generacional que puede ser de clase baja pero ha tenido accesos a la propiedad. En cambio tenemos un 80% de los jóvenes de menos de 30 años que no pueden emanciparse de la casa de sus padres o que son mayoritariamente inquilinos precarios, sub-contratados, sub-alojados. Hay un conflicto entre los propietarios y los inquilinos. Si ahora yo como ayuntamiento invierto 10 millones de euros para salvar las casetas de la calle Encarnación y hacer un jardín muy bonito y un equipamiento municipal, automáticamente el valor de las propiedades que hay alrededor aumenta. Con lo cual los vecinos activistas que son propietarios se benefician pero en cambio el precio del alquiler, de las viviendas que están alrededor, también se encarece y algunos jóvenes inquilinos tendrán que irse a otros sitios. Hay muchas reclamaciones vecinales que acaban teniendo un efecto gentrificador porque favorecen a los propietarios y en cambio no tienen en cuenta a los inquilinos. Por ejemplo, durante este mandato, ha habido 2 grandes re-calificaciones urbanísticas en la montana de Montjuic. Una es el barrio de La Satalia que esta encima del Poble Sec y el otro esta La Font de la Guatlla, que esta del otro lado de la Fira Montjuic. La primera re-calificación que se hizo en la época de Trias era todo una zona afectada que tenia que expropiarse y derivarse. Casitas muy bonitas que estaban amenazadas. Pues en la época de Trias, se decidió re-cualificar eso, no derivarlo. Y por lo tanto, al día siguiente de la re-calificación el valor de estas propiedades se multiplico. Exploto. Entonces algunos de los activistas vecinales que habían estado luchando para salvar el barrio del derivo, de repente pasaron a ser multimillonarios. Por ejemplo, Ana Menéndez que era la presidenta de la Federación de las Asociaciones de Vecinos de Barcelona, una activista que como resultado de su lucha se convirtió en multimilionaria. En cambio del otro lado, hubo una re-cualificación de un barrio muy cercano que se hizo durante el mandato de Ada Colau. Se reconoció también todo eso. Ya no íbamos a expropiar y a derivar el barrio. Reconocemos que estáis aquí. Pero esta re-calificación, este reconocimiento automáticamente implico que todas esta viviendas fueron protegidas con un precio regulado. Entonces salvas a los propietarios que ya no tienen que irse y sus casas no son derivadas, pero también salvas a los inquilinos que siguen teniendo precios asequibles y el barrio no se gentrifica. Es un ejemplo urbanístico de que el activismo anti-social sino es consciente de que cualquier mejora urbana complica mucho la vida a los que no son propietarios a los inquilinos, puede ser anti-social.

Muy interesante, para concluir, tomando por ejemplo la Fira por la Vida, ¿Cómo vez tu la comunicación con la entidad publica y si hay una posibilidad de progreso en el debate y un cambio idealmente de la políticas ?

Es muy fácil, el 23 de junio, los activistas de la plataforma la Fira o la vida, nos reunimos en el ayuntamiento, unos 5 personas de la plataforma, con Janet Sanz que es la responsable de urbanismo, con Marc Serra que es el responsable de participación pero también el regidor del distrito de Sants Montjuic, con responsables de vivienda, con Lucia Martín, con una seria de responsable del ayuntamiento, y les expresamos varios puntos. Hubo varios acuerdos. El primero fue que exigíamos que el ayuntamiento hiciera publico el documento de cesión. El documento vigente ahora, de la épocas de Trias, que dura hasta el año 2025 y que dice las condiciones, los precios, los términos de este contrato. Hasta ahora no es publico. Nos dijeron que lo harían publico. Todavía no ha pasado. Ahora hemos entrado una instancia en el portal de transparencia porque de momento, aunque nos dijeron que si, no lo han hecho. Después les dijimos que se hiciera publico el proyecto Fira Universe, que se cita en un acuerdo institucional pero no se ha enseñado. No hemos visto los dibujos, los planos, cuantos metros para la vivienda, cuantos metros para congresos. No sabemos lo que quieren hacer. Nos dijeron que también lo harían publico y todavía no ha pasado. Después, les exigimos que se interrumpiera este proyecto de cesión y de renovación, que como te decía antes, todavía no esta terminado porque todavía hay que votarlo en el pleno. Que se interrumpiera y se abrirá un proceso participativo transparente con la ciudadanía. Nos dijeron que pasara esto. Hay que darles tiempo porque no se hace de la noche a la mañana pero ya veremos. Y también les pedimos que la alcaldesa respondiera a todas las demandas que presentó la plataforma desde el 30 de mayo. Como no nos respondían ningún concejal de Barcelona en Comú, ni tampoco ella, en las redes sociales, hicimos una carta oficial firmada por las entidades que conforman la Fira o la Vida y la entramos también formalmente al ayuntamiento. Una carta dirigida a la alcaldesa con estas demanda. Todavía no nos ha respondido. Queremos una declaración publica de la alcaldesa posicionándose sobre este lugar. Creemos que seria muy útiles esta declaración para abrir el debate a la ciudadanía. Lo primero que queremos nosotros es que se abre un debate democrático dentro del cual nosotros nos posicionaremos a favor de que este lugar deje de ser un recinto cerrado para que pase a ser un barrio abierto y diverso y asequible. Pero aunque perdamos en el debate y al final la gente prefiera hacer Blackstone y Volkswagen, perfecto. Lo primero que queremos es que se abre este debate y que las decisiones no se realizaran en los despachos oscuros. Y por lo tanto una declaración de la alcaldesa seria muy útil. Porque los medios, los principales periódicos no nos están ayudando para nada. Por ejemplo, yo escribí un articulo explicando todo eso de la Fira para un periódico, El Periódico de Catalunya, en el que escribo habitualmente. Y me respondieron que no podían publicarlo porque tenían mucho trabajo con el tema de la independencia. Entonces, tuve que publicarlo en otro medio que es la Directa que es un medio mucho más social, pero con mucho menos proyección. Y ahora mismo este verano, el Periódico, le pidió a Jaume Palomera, el porta-voz del sindicato de los inquilinos un articulo sobre la situación de la vivienda. Entonces, Jaime Palomera, muy amablemente me propuso que el articulo, los escribíamos juntos sobre la Fira de Montjuic y que se publicara en agosto en el Periódico. Pues hemos escrito el articulo que encargo el diario y no lo han publicado. O sea, los medios tienen mucho miedo de la Fira de Barcelona, de la camara de comercio. Recuerda lo que te dije. Durante, el Mobile World Congress de 2019, hubo una huelga de metro que no apareció en ningún periódico, no apareció en la Vanguardia por ejemplo.

Bueno ¿Tienes algo que añadir sobre la visión que tienes del futuro?

Estoy muy optimista. Ahora esta pasando una cosa muy bonita y en muchos frentes. Por ejemplo creo que la aparición de los sindicatos de inquilinos es unos de las mejores cosas que le ha pasado a Barcelona desde hace muchos año. Son gente muy joven, muy preparada, académicos, doctorandos, hay muchas caras, no solo es Jaume Palomera. También hay muchas mujeres jóvenes que están expresando ideas muy sensatas y las convierten en mainstream. Están pasando cosas con temas de contaminación y de ecología. Ahora tenemos esta huelga Global del 27 de septiembre y hay muchas organizaciones de base en Barcelona, Jóvenes por el Clima, Friday for Future, Extinción Rebelión, hay la plataforma por la calidad del Aire. Surgen nuevas organizaciones como Eixample Respira que combaten el coche y la contaminación. Hay muchas actividades. La plataforma ciudadana la Fira o la Vida que el Martes que viene, el 17, hace su primera asamblea abierta. Con todas las entidades que le han apoyado en la Lleialtat Santsenca en Sants. Y debatiera en base a cinco grandes frentes, que son la vivienda, la economía, la ecología, la cultura y la democracia. Habrá activistas de plataformas y de entidades que trabajan en estos frentes alrededor del lugar de este recinto. Para mi es una cosa positiva que esta pasando y que me da confianza en el futuro. Mientras haya ciudadanía, sociedad civil organizada que este planteando cuestiones importantes de forma seria, y que estén organizando y se estén movilizando para mi esto es la solución del futuro. Esta pasando. Barcelona no esta muerta. No esta acabada. Al contrario esta resurgiendo. Esta reviviendo.

Muchas Gracias


.