Konbit numérique

De Remix Biens Communs
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Avec d'autres personnes et organisations, et en collaboration avec Koumbit, Remix the commons développe une réponse collective aux besoins d'outils et d'infrastructures numériques. L'idée est d'assurer la pleine souveraineté numérique sur nos travaux, nos échanges et nos données en s'inscrivant dans la vision énoncée dans la Charter for Building a Data Commons for a Free, Fair and Sustainable Future.

Après avoir testé avec Koumbit hébergeur indépendant et solidaire de Montréal, notre capacité à mettre en place et gérer certains outils basés sur le libre et les communs sur un serveur partagé, nous avons conçu un dispositif de coopération sur un modèle proche de celui des AMAP, que nous appelons le Konbit numérique, en référence au konbit des paysans haïtiens[1]. Le Konbit numérique est un prototype de « commun computationnel » au service des projets de commoners. Il propose une infrastructure de travail qui permet d'atteindre progressivement des objectifs d'indépendance et de souveraineté pour faire face aux besoins d'usages numériques.


Notre Konbit numérique est constitué par un groupe d'utilisateurs identifiés et un administrateur de serveur, coopérateur de Koumbit. Il repose sur un serveur de 6 To hébergé par Koumbit à Montréal, dans lequel sont installées les applications dont nous avons besoin, outils basés sur le libre et les communs : partage de fichiers, calendriers, gestion de taches, édition en ligne de documents textes, tableau, courriel, ...et surtout ferme de wiki. Cela couvre une large part des usages numériques actuels de nos organisations.


Les utilisateurs prennent part à la gouvernance, et autant que faire se peut à la maintenance. Le travail de l'administrateur du serveur est pris en charge par le collectif à travers un système de crédit temps d'intervention mensuel. Celui-ci inclue en plus du temps dédié à la maintenance du serveur, du temps réservé à des développements techniques futurs qui sera affecté en fonction des besoins du Konbit. L'idée est donc de préfinancer solidairement une infrastructure numérique dédiée au collectif. Cette infrastructure sort d'une logique capitaliste. Elle ne cherche pas à faire plus rentabilité pour extraire un profit, mais à satisfaire les besoins du collectif. Elle permet d'entamer un processus en vue de "degoogliser" nos pratiques numériques.


Chaque personne engagé dans les projets des partenaires, parties prenantes de cette initiative, a accès à cet espace et l'utilise dans le cadre de ses activités en lien avec les communs. Chaque partenaire peut contribuer à faire vivre et à assurer l'évolution du konbit en souscrivant une ou plusieurs parts de soutien solidaire (montant suggéré : 15 € - 20 $CAD par mois, ou selon les budgets et les besoins des projets), et selon le principe qui vise à découpler usage et commerce (principe 3 de la Charte mentionnée ci-dessus). Nous nous sommes fixé comme objectif d'élargir progressivement le premier collectif jusqu'à un équilibre entre besoin/capacité technique et financement/gouvernance. On estime qu'une 20aine de membres serait une taille du collectif intéressante. Puis d'autres Konbits pourraient voir le jour et permettre un fonctionnement de type fédéré.


Le konbit numérique n'est pas une structure ouverte comme peut l'être un chaton (service en ligne ouvert à tous), encore moins un hébergeur alternatif, mais une expérience d'autogestion d'infrastructure computationnelle par ses usagers. Il est encore un peu tôt pour tirer des leçons de cette démarche, mais on peut penser que cette initiative permet aux organisations d'inscrire la souveraineté numérique dans le cadre de leur réflexion sur la transition et de passer à l'acte. Nous espérons que l'accompagnement de tels processus pourrait être un défi qui intéresse les libristes.

  1. Dans le milieu paysan haïtien, le Konbit est un groupe de personnes créé occasionnellement pour faire face aux travaux des champs (semis, récolte, ...). Ne pouvant effectuer tout seul sa récolte, le paysan requiert l'aide de ses voisins. Durant plusieurs jours, les paysans des alentours s'organisent et entament la récolte sur les terres de l'initiateur. Tout le monde participe, les hommes, les femmes, les jeunes et les moins jeunes. Certains participent aux travaux, d'autres s'occupent de préparer les repas et de veiller à ce que les travailleurs ne manquent de rien et aient l'âme bien requinquée à coup de tafia (boisson locale). Tout le monde travaille dans un esprit festif au rythme de chansons ancestrales, entonnées par un soliste qui fixe la cadence.