La Chapelle Marx Dormoy

De Remix Biens Communs
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Dans la collection : Atlas des chartes des communs urbains

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Objet(s) de commun : Alimentation,  Voisinage  Enjeu(x) : Communs urbains  Action(s) : Banque populaire des données,  Tactical Storytelling,  Cartographie  Résultat(s) attendu(s) : Culture de démocratie participative,  Auto-organisation  


Métadonnées

Date de création 2022/05/09
Date de publication 2022/05/09
Langue du contenu FR
Pays France
Fait partie de Atlas des chartes des communs urbains
Média Multimédia
Producteur(s) FREDRIKSSON Sylvia, LOUBET Nicolas, SULTAN Frédéric
Coordonnées géographiques 48° 53' 23.28" N, 2° 21' 42.12" E


Le quartier La Chapelle Marx Dormoy

Le quartier La Chapelle Marx Dormoy est situé au nord de Paris dans le 18ième arrondissement, entre les faisceaux de voies de chemin de fer partant des gares du Nord et de l'Est et entre au sud le boulevard de la Chapelle et au nord la limite de Paris au-delà du boulevard périphérique. Ces limites ne correspondent pas exactement aux limites administratives[1] et font souvent débat entre les habitants.

C'est un quartier cosmopolite de près de 40 000 habitants. La diversité des cultures qui s'y croisent est une de ses richesses qui ne semble pas faire pas l'objet d'une attention particulière. C'est aussi un quartier où les niveaux de vie semblent très variés. Les plus pauvres vivent dans la rue, les stations de métro ou bien dans les taudis sur les terrains enclavés dans les voies du périphérique, tandis que les plus riches fréquentent les nouveaux lieux de sociabilité comme l'esplanade Nathalie Sarraute. Mais la plus grande partie des habitants et des personnes qui fréquentent ce quartier se situent dans un éventail entre ces extrêmes.

Le quartier La Chapelle Marx Dormoy s'est transformé au fil des décennies. Si on s'attache aux années 2000, l'aménagement des squares de la rue de la madone (et de la fontaine d'eau de source), celui de l'esplanade Nathalie Sarraute et de la rue Pajol (ZAC Pajol) et la réfection du marché couvert sont les plus visibles. Il faut y ajouter le Parc Éole et le 104, bien que périphériques. La transformation est aussi celle de la population qui fréquente le quartier. Elle est perceptible au fil des ans par exemple à travers la transformation des commerces.

Les initiatives des habitants transforment aussi la vie dans le quartier La Chapelle Marx Dormoy. Des associations, des collectifs, des groupes d'habitants s'organisent pour y améliorer la qualité de la vie quotidienne. Ces dernières années (les années 2000), ont vu le déploiement d'initiatives autour de l'alimentation et de la permaculture : épicerie solidaire, jardins partagés, groupe solidaire avec les paysans de la région et AMAP, achat groupé de denrées alimentaires, aménagement d'espaces publics en îlots de verdure, festival d'agriculture urbaine. L'aménagement de la ZAC Pajol est aussi le résultat de la mobilisation d'habitants autour d'un projet différent de celui proposé initialement par les édiles municipaux. Ces initiatives sont souvent liées les unes avec les autres et parfois les mêmes personnes y contribuent. Des activités familiales et communautaires se déroulent dans les églises et les temples de différentes religions.

Cependant, les habitants font aussi face à d'autres problèmes. Incivilité, violence, délinquance, saleté de l'espace public, ... Sur ces terrains aussi des initiatives populaires voient le jour et leurs initiateurs sollicitent la puissance publique avec plus ou moins de bonheur.

Il n'en reste pas moins que le quartier La Chapelle Marx Dormoy est traversé de barrières invisibles sociales, culturelles. Certains habitants sont invisibles aux yeux d'autres. L'exemple le plus criant est certainement celui des habitants du bidonville au milieu des voies du périphérique. Pourtant, il semble que ce quartier a une histoire militante autour des questions de migration[2]. À l'opposé sur l'échelle sociale, les personnes qui fréquentent l'hotel 4 étoiles le Kube, aux allures de forteresse, semblent tout aussi invisibles des habitants du quartier.

Alors, le cosmopolitisme du quartier est-il ou peut-il être le creuset d'une force sociale et politique populaire qui transforme le quartier ? A quelles conditions ?

Qu'entendons nous par habitants ? Il s'agit de toutes les personnes qui séjournent dans le quartier soit pour leur résidence, soit pour une activité de travail, de vie quotidienne ou de loisir. Les habitants, pour la plupart se désignent eux-même comme tels. Mais les frontières de ce groupe sont volontairement floues pour inclure les personnes de passage comme celles qui y travaillent ou viennent y passer un moment de loisir, ou dont l'installation dans le quartier est temporaire ou incertaine, telle les résidents des des résidences universitaires, des squattes, des campements, les SDF.

Comment tout cela est-il mis ensemble pour faire une vie d'un quartier, une culture et une identité ? Il s'agit d'explorer les limites, la marge, l'étrange, l'étranger, et la manière de s'accommoder dans la vie du quartier. Pour cela, nous proposons aux habitants de raconter leur histoire et leur vision du quartier. Cela se déroule sous la forme d'entretiens enregistrés, en audio ou en vidéo, parfois photographiés. Ces entretiens peuvent se dérouler dans un lieu particulier ou bien en itinérance dans le quartier. Ces entretiens ont commencés en janvier 2015 et ont pu se poursuivre tout au long de l'année 2015 et 2016. Tous les fragments recueillis ont été rassemblés (dans la mesure du possible), publiés et présentés sous différentes formes (carte, frise temporelle, ...) et des moments pour exploiter, travailler cette matière proposés au cours du temps. Cette exploration nous a amené à rencontrer et échanger avec des personnes et des institutions qui habitent ce quartier parisien et parfois à des formes de collaboration, d'échange, de participation à différentes initiatives des uns et des autres.

Cette démarche a différentes sources d'inspiration. On peut citer notamment le travail de Sylvia Fredriksson sur les communs, les expériences de "Participatory Spatial Information and Communication" du CTA (Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation) illustré par exemple par les brefs documentaires Mapping for change et Report back from Telecho - the pathway to environmental reclamation. D'autres exemples viendront compléter cette ébauche de liste dans les semaines et mois qui viennent.

Profitant de la présence en France de Phonesavanh Thongsouksanoumane, nous avons initié un set de rencontres, interviews audio, avec des acteurs du quartier la semaine du 5 au 10 janvier 2015. Cette séquence a été inaugurée par une visite du quartier, en partant de l'Esplanade Nathalie Sarraute en direction du nord, coté Est de l'axe rue Marx Dormoy, jusqu'aux campements installés au bord des voies du périphérique puis retour en passant par le coté Ouest de la rue Marx Dormoy vers le marché de l'Olive.

Cette démarche vise aussi à nourrir l'expérience de l'{{C:Ecole des communs}} autour de l'exploration des communs dans un territoire ou avec une communauté.

A la fin de décembre, une belle discussion avec Sylvia Fredriksson (l'une des organisatrices du meetup école des communs à Paris en novembre) et Nicolas Loubet, connecteur dans l'univers des makers, nous amène à élargir cette expérience en la considérant comme un laboratoire local des communs. De fil en aiguille, une dizaine de personnes venues d'horizons divers, la plupart connectées par Nicolas, avec des approches variées et dont on peut imaginer qu'elles soient complémentaires, s'intéressent ou s'engagent concrètement. Émergent des projets de cartographie des initiatives, de visite/ballade, de production avec les habitantEs de vêtements connectés, exploration du quartier avec les élèves d'un lycée à proximité ... les premières actions se programment dans le quartier. Tout cela fonctionne de manière autogéré et ouverte selon le rythme et les disponibilités de chacun et c'est documenté sur le pad et le site civiclab.paris.

Notes et références