La montée en puissance des communs du local au global - El auge de los comunes del local al global - The rise of the commons from local to global/Repérage

De Remix Biens Communs
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4:56 6:00 Convergence des initiatives, référentiel partagé PERTINENT ça venait incarner la question des communs dans des pratiques qui pouvaient être des pratiques assez anciennes mais qui étaient pas forcément des choses extrêmement nouvelles mais toutes ces pratiques là adoptaient la question des communs comme un référentiel partagé J'ai gardé un peu de contexte avant la phrase clé.
vers 13:00 15:00 En France, tentative de pénétrer le politique par des propositions très concrètes. PERTINENT / PRIORITAIRE en même temps qu'effectivement on organisait des rencontres, des manifestations, des mises en visibilité des communs il y a eu aussi ce besoin d'entrer dans le registre du politique, notamment en 2013 et 2014 par exemple à l'occasion d'élections, il y a eu des démarches pour élaborer des propositions que des élus pouvaient adopter ou pas dans le cadre de leur mandat. Donc on a eu à l'occasion des élections municipales en France par exemple l'élaboration d'une sorte de liste de propositions politiques qui intégraient – qui étaient un peu symboliques en fait hein – mais qui intégraient aussi bien des propositions autour par exemple du logement et du Community Land Trust par exemple, du développement en tous cas du logement à travers du Community Land Trust, que le fait de pouvoir mettre en licences libres les contenus des archives publiques de la ville. Ou bien de donner accès à travers les bibliothèques à des contenus de manière plus facile, ou bien des propositions autour du développement des jardins partagés enfin voilà, un certain nombre de choses comme ça. Donc il y a eu une espèce d'élaboration d'offres politiques alors très très concrètes – c'était pas des grands programmes mais c'était des listes assez brèves d'une quinzaine, d'une vingtaine de propositions qui étaient tout à fait applicables dans pratiquement n'importe quelle ville par un élu qui pouvait les adopter. Il avait pas besoin de faire partie du parti des communs, il suffisait qu'il soit en accord avec tout ou partie de ces propositions et qu'il les mette en œuvre pour qu'on puisse constater qu'il y ait un progrès dans
l'émergence et la prise en compte des communs à un niveau politique.
15:24 17:56 En France, comment les communs ont su toucher quelques hautes instances de l'état, même si peu de résultats concrets PERTINENT / PRIORITAIRE dans ce cadre-là il y a eu tout un travail pour effectivement pousser, mettre en avant la question des communs et il y a eu de ce point de vue-là effectivement, l'idée des communs a vraiment infusée dans un certain nombre d'institutions publiques en France : le Conseil National du Numérique mais je pense aussi à l'organisme qui s'occupe de l'ouverture des données ou le partage des données en France – il y a une instance, je me souviens plus de son nom exacte – là la question des communs est devenue pour un certain nombre d'acteurs qui étaient membres et à la tête de ces institutions-là, c'est devenu vraiment une idée forte quoi. Ça a convaincu et c'est devenu une idée structurante de la façon dont ils ont pensé leurs problématiques. Après ce sont des instances dans lesquelles les gens tournent et donc le fait que ça change, qu'est-ce qu'il en reste c'est pas forcément ça. Je veux dire par là que c'est pas forcément un acquis définitif, il y a des choses encore aussi qui vont changer. Ça a aussi marqué très profondément l'élaboration de la Loi pour la République Numérique en France, dans laquelle il y a eu d'une part une démarche pour ouvrir la démarche de production du texte de loi on va dire – avec une consultation en ligne, avec un appel à la société civile pour lequel il y a eu des contributions importantes – et d'autre part le fait d'inscrire dans le premier texte de loi un article qui posait, qui proposait explicitement un droit des communs dans le champ du numérique. Tout ça a été balayé je dirais par le processus législatif – c'est-à-dire que on retrouve rien ou quasiment rien de tout ça dans la loi aujourd'hui mais en tous cas ça marque une étape dans la façon dont la questio
n des communs vient, pénètre l'institution publique et enfin en tous cas l’État au sens de l’État qui produit de la loi quoi.
J'ai gardé le début pour le contexte du cadre quand il dit dans ce cadre là
18:18 19:10 Comment contrer les lobbys de la propriété PERTINENT dans le rapport de force qu'on est capables d'établir au moment du vote d'une loi, eh bien les tenants de la propriété, les tenants d'une vision propriétaire, ils sont beaucoup plus puissants, ils sont beaucoup plus présents et ils ont un système de lobbying, ils ont une capacité d'influence du système législatif aujourd'hui qui est bien plus puissante que nous et donc il faut travailler aujourd'hui aussi sur comment on s'acculture à la question des communs, comment ça pénètre la société encore plus et comment on est capables de mettre en œuvre un dispositif qui a une influence au moins euh… enfin qui est capable de concurrencer cette influence dans le cadre de l'élaboration de la loi et ensuite dans le cadre de la mise en œuvre et de la façon dont on vit avec ces lois.
20:03 21:23 En Italie, la commission Rodotà PERTINENT si pas redondant avec d'autres entretiens La commission Rodotà c'est une commission qui s'est vue confier la charge de réfléchir à une réforme ou à comment on pouvait introduire dans la constitution italienne une autre vision, une autre perception, ou retraiter la question de la propriété dans la constitution italienne. Et la proposition de la commission Rodotà a été d'introduire la question des communs comme une troisième forme de propriété entre le public et le privé si je peux dire. La spécificité de la commission Rodotà c'est que ça propose d'articuler la question des communs avec celle des droits humains et de dire grosso modo : les communs c'est tout ce qui permet, ou tout ce qui est nécessaire pour la réalisation des droits humains. Et donc là on est – c'est très intéressant parce qu'on est très loin de l'idée que les communs… on est très loin d'une certaine manière du manifeste pour la récupération des biens communs parce que le manifeste pour la récupération des biens communs c'était : on identifie nos communs quelque part et puis on va se battre pour les garder ou pour les récupérer. Là ça identifie quelque chose qui est assez différent et qui est une source, de mon point de vue, c'est vraiment une source très inspirante pour aller vers la politisation des communs justement.
21:30 ... En Italie, adoption des chartes des biens communs par les municipalités PERTINENT si pas redondant avec d'autres entretiens mais il y a une deuxième étape qui a été très intéressante c'est la mise en place de réglementations par les villes italiennes autour des communs. La première ville italienne à avoir fait ça c'est la ville de Bologne. C'est au fond mettre en place un dispositif dans lequel la ville se contraint elle-même à un dispositif de coopération avec les habitants autour de la protection des communs. La réglementation pour la protection des communs à Bologne dit en gros que l'on définit un certain nombre de choses pouvant potentiellement être des communs ; on définit quelles sont les personnes qui sont légitimes à s'en occuper et de quelles manières la ville, l'institution publique va pouvoir coopérer avec les habitants autour de cette… du soin qui va être apporté aux communs. Et puis une fois qu'on a établi ce texte un peu général la ville va en fait adopter des pactes avec des groupes d'habitants qui vont être aussi bien des associations, des coopératives, plutôt même des entreprises mais aussi des groupes d'habitants qui sont complètement informels – des groupes voilà de quelques personnes qui habitent un quartier et qui ont envie de s'occuper de l'amélioration d'un carrefour pour pouvoir sécuriser la traversée de la rue par les enfants ; qui ont envie de s'occuper d'un jardin public ; qui ont envie de s'occuper de l'éducation après l'école par exemple, ou de culture etc etc. C'est intéressant parce que pour l'Italie ça a réglé une question qui était le fait que jusqu'à présent tous les gens qui faisaient ça, qui prenaient ce type d'initiatives, se trouvaient en fait dans une forme d'illégalité, et que les villes étaient tenues de faire ce travail-là et que même si elles le faisaient pas eh bien les gens qui prenaient une initiative, qui venaient occuper un bâtiment public pour pouvoir faire ce genre de chose-là se t
... 23:44 PERTINENT rouvaient en port-à-faux au moins légalement. Et là on crée une espèce de cadre de coopération avec les habitants
26:15 27:00 En Espagne, une forme alternative de participation politique PERTINENT Et là on voit qu'il y a tout un processus d'accession au pouvoir qui est basé sur la participation, sur un vrai développement de nouvelles formes d'engagement de la population avec à la fois des gens qui sont des militants engagés – je pense par exemple au domaine du numérique – qui sont des gens qui de longue date sont engagés sur des pratiques très puissantes du point de vue civique ; mais aussi en allant chercher des habitants, en allant chercher des collectifs d'habitants dans les quartiers. Par exemple à Barcelone il y a eu vraiment des systèmes d'assemblées dans les quartiers qui se sont développés et qui ont impliqué énormément de gens.
27:49 28:59 description assemblée des communs PERTINENT alors les assemblées des communs c'est une proposition qui a été portée et mise en évidence par Michel Bauwens de la Peer-to-Peer Foundation, qui date de quelques années maintenant. L'idée était de se dire au fond on a besoin de rassembler la société civile autour des communs et que les gens à une échelle de ville ou à une échelle de quartier ou à une échelle régionale etc puissent s'auto-organiser autour de la question des communs. Dans cette proposition il y a deux ou trois choses différentes. C'est pas uniquement l'assemblée des communs. Il y a l'assemblée des communs qui elle serait une sorte d'assemblée civique ; il y a l'idée de chambre des communs qui serait une assemblée, enfin un rassemblement des organisations ou des acteurs économiques autour des communs ; et puis il y a l'idée aussi de licence Peer-to-Peer et donc de dispositif ou de mécanisme juridique ou économique qui permette de faire fonctionner les échange aussi entre les commoners d'une part et entre les commoners et le reste de l'économie. lien avec Kevin
30:10 30:38 L'assemblée pour interpeller plus que pour représenter PRIORITAIRE Et moi je pense que les assemblées des communs elles peuvent avoir du sens dans ce sens-là : c'est-à-dire dans le sens où on n'est pas des représentants des communs, c'est pas un espace où on vient représenter des communs mais un espace dans lequel on se donne une capacité à dialoguer, à interpeller les politiques, à interpeller la puissance publique et à construire des propositions aussi, élaborer des propositions.
31:50 32:00 L'assemblée pour interpeller plus que pour représenter PRIORITAIRE au fait que c'est quelque chose qui nous donne une capacité d'interpellation, d'interaction avec la puissance publique.
33:47 34:38 Articulation Communs et autres mvts sociaux : risque d'hégémonie des communs PERTINENT pour les communs c'était le risque ou la tentation peut-être parfois d'une espèce d'hégémonie en fait de la question des communs par rapport à d'autres questions portées par les mouvements sociaux. Je crois que cette question-là elle est maintenant résolue. Je pense que les communs, enfin la question des communs, a trouvé sa place dans le champ des problématiques qui sont portées par les mouvements sociaux et qui je dirais articulent notre manière de voir les choses.
39:06 40:59 Rejet des communs par les politiques français - vient traiter les risques/verrous pour le déploiement des communs PERTINENT dans la pratique quotidienne à l'échelle du quartier où j'habite comme je disais tout à l'heure, moi j'ai plutôt ressenti le besoin de construire les choses en-dehors, sans négocier avec les puissances publiques de manière directe, et en essayant de construire une espèce d'autonomie, parce que pour l'instant j'ai un sentiment euh… enfin ou je trouve qu'il y a une grande difficulté de la part de la puissance publique – que ce soit des élus ou que ce soit des fonctionnaires, des gens qui travaillent pour la puissance publique – il y a une très grande difficulté à accepter l'idée que à part en Italie – enfin ce qu'on disait sur Bologne tout à l'heure où là il y a peut-être une tentative de travailler sur cette forme de négociation-là – mais en tous cas en France moi ce que j'en ai vu jusqu'à présent c'est que c'est quand même très compliqué d'instaurer une relation dans laquelle on est à égalité. Alors c'est peut-être plus facile quand on parle d'économie, parce que quand on devient un acteur économique on est peut-être plus légitime ou en tous cas au vu de la crise il y a aussi du coup une écoute qui est différente mais en dehors de ça je trouve qu'aujourd'hui on fait face à des situations dans lesquelles la puissance publique elle est vraiment agressive vis-à-vis des communs.
43:12 44:08 Vision idéale de l'état PERTINENT la façon dont je verrais l’État, si je peux me permettre ça, c'est pour moi un espace dans lequel on doit jouer. C'est pas une entité qui nous est extérieure, c'est une entité qui… c'est pour ça que je parlais tout à l'heure de reconquérir l’État : c'est pas quelque chose qui doit nous être complètement extérieur, mais c'est une entité dans laquelle on doit pouvoir jouer d'une certaine influence.

  • Résumé de ton impression pour ligne directrice du montage:
    1. Qu’est-ce que cela nous raconte de ce qui a fonctionné ou pas en terme de politique basée sur les communs?
      • Oui l’entretien est directement tourné vers cette question, avec les exemples de la France, de l’Italie et plus brièvement de l’Espagne.
      • Réflexion aussi sur le rôle de l’Etat dans le développement des communs.

  1. Qu’est-ce que ça ouvre comme perspective?

ouverture avec l’assemblée des communs : interpeller le politique