Les communs à l'UE Solidaire, citoyenne et rebelle
La décennie qui se termine a vu, la défense et le développement des communs prendre une place centrale dans les mobilisations sociales à travers le monde. À l’Université d’Eté Sociale Citoyenne et Rebelle, le CommonsCamp a rassemblé plusieurs centaines de participants qui partagent l'intuition qu'en mettant en pratique les communs, aussi bien dans les actes du quotidien que à travers des campagnes pour défendre les droits humains, en luttant contre l'accaparement des ressources naturelles ou bien en inventant de nouvelles manières de produire et vivre ensemble, il.elle.s participent d'un même mouvement de co-production de la solidarité.
L'idée qu'on se fait des communs a évoluer au fil du temps. ou bien à la gestion commune entre membres d'une communauté, avec parfois un brin de nostalgie lorsqu’il s’agit de de la communauté villageoise. Cette vision, si elle correspond encore à une réalité, s'est enrichie au cours des décennies. Les mouvements sociaux ont par exemple fait des communs de la connaissance le moteur de leur mobilisation pour l'accès à la connaissance et la culture libre. Ces mouvements se sont cristallisé autour de la défense du logiciel libre, et du partage de la connaissance et de la culture. Ces mobilisations ont fait naître les licences libres. Elles défendent aujourd'hui plus que jamais l'accès de tous.toutes aux médicaments, la liberté d'expression à travers les médias libres et indépendants ou encore le respect de la vie privée sur les réseaux sociaux. En France par exemple, Framasoft questionne le monopole des GAFAM (les géants du web : Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) et propose des alternatives à travers son programme Dégooglisons l'internet ! Le Knowledge Commons Movement, mouvement pour les communs de la connaissance, n'est pas réductible à l'empilement des connaissances qu'il permet de faire circuler. C'est un mouvement social à part entière qui participe aux luttes sociales et à l'émancipation des hommes et des femmes.
Aujourd'hui, pour répondre à leurs propres besoins, c'est en tant qu'habitant.e.s ou membres d'une communauté affinitaire que les personnes multiplient les initiatives auto-organisées, décentralisées et basées sur la collaboration. Ces initiatives participent d'un mouvement encore diffus des communs urbains. Les pratiques de solidarité renouvellent les formes d’engagement civique autour de l’accès à l’espace public et particulièrement les parcs, jardins, friches industrielles, mais aussi les lieux culturels (théâtres, cinémas, bibliothèques), lieux de la connaissance (écoles, universités), ou encore les infrastructures matérielles et immatérielles (services sociaux, réseaux numériques, données,...), l’habitat participatif et le logement social, ou encore les ressources produites par les interactions urbaines (déchet, agriculture urbaine). Ces pratiques consistent à revendiquer la mise à disposition de biens et leur gouvernement collectif, en raison du rôle qu’ils jouent dans la satisfaction des besoins de la communauté.
La reconnaissance de ces pratiques ne va pas de soit. Elle dépend largement de la culture juridique et aussi de l’histoire sociale locale et nationale. Par exemple, en Espagne, la reconnaissance des communs est le résultat de la conquète des villes par le mouvement municipaliste basé sur les communs, alors qu’en Italie, les villes ont adopté des réglementations pour « prendre soin des biens communs » ou des « pactes d'usage civique » à la suite d’expériences de remunicipalisation de l’eau notamment, qui avaient été l’occasion de revisiter les possibilités offertes par le droit italien.
Dans ce contexte, le CommonsCamp a permis aux curieu.ses.x comme aux militant.e.s engagé.e.s de vérifier la pertinence de leurs intuitions, et les mettre à l'épreuve de la perspective municipaliste et du Droit à la ville.