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Depuis les années 80, l’espace des pratiques de solidarité s’est en grande partie déplacé du cadre du travail vers les milieux de la vie sociale pour émerger sous la forme des [[Communs urbains|communs urbains]]. Les communautés se forment pour répondre aux besoins et puisent leur énergie d'une part dans les dynamiques de refus des inégalités et d'autre part dans le registre de l’innovation sociale, pour inventer des rapports sociaux alternatifs fondés sur la collaboration.  
Depuis les années 80, l’espace des pratiques de solidarité s’est en grande partie déplacé du cadre du travail vers les milieux de la vie sociale pour émerger sous la forme des [[Communs urbains|communs urbains]]. Les communautés se forment pour répondre aux besoins et puisent leur énergie d'une part dans les dynamiques de refus des inégalités et d'autre part dans le registre de l’innovation sociale, pour inventer des rapports sociaux alternatifs fondés sur la collaboration.  


Ancrées dans leurs territoires, ces pratiques relient les dimensions sociales et environnementales. Elles revisitent les formes de lutte contre les inégalités en créant des espaces où les individus s'engagent dans des actions collectives de prise en charge de leurs territoires à différentes échelles. Ces pratiques solidaires sont mises en œuvre de manière décentralisées, c'est à dire à la fois polycentriques et enchevétrées. Elles mettent en évidence le caractère problématique de la réduction de ce qui « fait commun » au seul mécanisme du partage. Comme l'explique Margaret Davies dans son article "Material Subjects and Vital Objects – Prefiguring Property and Rights for an Entangled World", les communs urbains sont des occasions pour les humains de se reconnaître eux-mêmes comme les objets d'une dignité mutuellement conférée lors du partage et l’engagement commun.  
Ancrées dans leurs territoires, ces pratiques relient les dimensions sociales et environnementales et s’inscrivent dans une logique de transition et de résilience. Elles revisitent les formes de lutte contre les inégalités en créant des espaces où les individus s'engagent dans des actions collectives de prise en charge de leurs territoires à différentes échelles. Ces pratiques solidaires sont mises en œuvre de manière décentralisées, c'est à dire à la fois polycentriques et enchevétrées. Elles mettent en évidence le caractère problématique de la réduction de ce qui « fait commun » au seul mécanisme du partage. Comme l'explique Margaret Davies dans son article "Material Subjects and Vital Objects – Prefiguring Property and Rights for an Entangled World", les communs urbains sont des occasions pour les humains de se reconnaître eux-mêmes comme les objets d'une dignité mutuellement conférée lors du partage et l’engagement commun.  
 


Depuis 2015, un réseau de praticiens et de chercheurs questionne et documente les pratiques d'auto-organisation et de production de mécanismes juridiques et de gouvernance. Le projet vise à produire de la connaissance utile pour l'action orientée vers la résilience écologique et sociale de la ville.
Depuis 2015, un réseau de praticiens et de chercheurs questionne et documente les pratiques d'auto-organisation et de production de mécanismes juridiques et de gouvernance. Le projet vise à produire de la connaissance utile pour l'action orientée vers la résilience écologique et sociale de la ville.


Pour développer de telles pratiques, les acteurs ont besoin de pourvoir systématiser l'expérience de leur gouvernance. Ils doivent s'outiller eux-mêmes pour comprendre et maîtriser les rapports de domination inhérents à leur institution, qu'ils résultent des différences de genre, de capital social et culturel, ou bien encore de l'accès et de la maîtrise de la technique. À travers la reconnaissance des communs urbains se joue aussi le renouvellement de la légitimité des acteurs à intervenir dans l’espace public, et la reconfiguration du droit de l’action publique.
Pour développer de telles pratiques, les acteurs ont besoin de pourvoir systématiser l'expérience de leur gouvernance. Ils doivent s'outiller eux-mêmes pour comprendre et maîtriser les rapports de domination inhérents à leur institution, qu'ils résultent des différences de genre, de capital social et culturel, ou bien encore de l'accès et de la maîtrise de la technique. À travers la reconnaissance des communs urbains se joue aussi le renouvellement de la légitimité des acteurs à intervenir dans l’espace public, et la reconfiguration du droit de l’action publique.
Le projet a donc pour objectif ultime d’aider les pratiques de solidarité à se déployer comme des communs dans leur milieu en se dotant de l'outillage qui répond à cette qualité particulière d'agir en commun (commoning) et en faisant valoir et reconnaître cette singularité dans leur contexte, leur quartier, leur ville, et leur domaine d'intervention en général.
Nous proposons de réunir les expériences sociales situées dans différents milieux pour co-construire ensemble une connaissance commune portant sur la gouvernance des communs urbains. Les participant.e.s au projet documentent leurs conditions et les défis rencontrés afin de nourrir une réflexion commune sur l'usage tactique des outils (méthodologiques, socio-techniques, juridiques, etc.) qui permettent de développer leurs propres mécanismes juridiques de gouvernement des communs, en interne et dans son environnement institutionnel et politique.
Les trois temps de la documentation concernent :
1. le partage d'expérience;
2. une analyse des tactiques;
3. l’énonciation de pistes de travail collectif inédites.
Le projet de recherche action que nous élaborons s’inscrit dans une perspective de long terme qui vise à :
* élaborer avec les « commoners » des outils et des méthodologies qui permettent la création de mécanismes juridiques (les chartes des communs urbains) afin de reconnaître et développer les communs urbains.
* comparer les expériences politiques et les méthodologies qui sont développées dans  les  initiatives sociales concrètes (de commoning), afin de mettre en exergue les potentiels à l’oeuvre dans l’action citoyenne orientée vers la transition écologique et sociale ;
* interroger les effets de la reconfiguration des processus de production du droit par les « commoners » sur le partage du pouvoir et la légitimité des acteurs dans l’espace public.
* contribuer à l’élaboration de propositions et de stratégies de politiques publiques et d’un cadre éthique pour le partage de la souveraineté entre les acteurs producteurs de la ville.

Version du 27 septembre 2018 à 13:03

Depuis les années 80, l’espace des pratiques de solidarité s’est en grande partie déplacé du cadre du travail vers les milieux de la vie sociale pour émerger sous la forme des communs urbains. Les communautés se forment pour répondre aux besoins et puisent leur énergie d'une part dans les dynamiques de refus des inégalités et d'autre part dans le registre de l’innovation sociale, pour inventer des rapports sociaux alternatifs fondés sur la collaboration.

Ancrées dans leurs territoires, ces pratiques relient les dimensions sociales et environnementales et s’inscrivent dans une logique de transition et de résilience. Elles revisitent les formes de lutte contre les inégalités en créant des espaces où les individus s'engagent dans des actions collectives de prise en charge de leurs territoires à différentes échelles. Ces pratiques solidaires sont mises en œuvre de manière décentralisées, c'est à dire à la fois polycentriques et enchevétrées. Elles mettent en évidence le caractère problématique de la réduction de ce qui « fait commun » au seul mécanisme du partage. Comme l'explique Margaret Davies dans son article "Material Subjects and Vital Objects – Prefiguring Property and Rights for an Entangled World", les communs urbains sont des occasions pour les humains de se reconnaître eux-mêmes comme les objets d'une dignité mutuellement conférée lors du partage et l’engagement commun.

Depuis 2015, un réseau de praticiens et de chercheurs questionne et documente les pratiques d'auto-organisation et de production de mécanismes juridiques et de gouvernance. Le projet vise à produire de la connaissance utile pour l'action orientée vers la résilience écologique et sociale de la ville.

Pour développer de telles pratiques, les acteurs ont besoin de pourvoir systématiser l'expérience de leur gouvernance. Ils doivent s'outiller eux-mêmes pour comprendre et maîtriser les rapports de domination inhérents à leur institution, qu'ils résultent des différences de genre, de capital social et culturel, ou bien encore de l'accès et de la maîtrise de la technique. À travers la reconnaissance des communs urbains se joue aussi le renouvellement de la légitimité des acteurs à intervenir dans l’espace public, et la reconfiguration du droit de l’action publique.

Le projet a donc pour objectif ultime d’aider les pratiques de solidarité à se déployer comme des communs dans leur milieu en se dotant de l'outillage qui répond à cette qualité particulière d'agir en commun (commoning) et en faisant valoir et reconnaître cette singularité dans leur contexte, leur quartier, leur ville, et leur domaine d'intervention en général.

Nous proposons de réunir les expériences sociales situées dans différents milieux pour co-construire ensemble une connaissance commune portant sur la gouvernance des communs urbains. Les participant.e.s au projet documentent leurs conditions et les défis rencontrés afin de nourrir une réflexion commune sur l'usage tactique des outils (méthodologiques, socio-techniques, juridiques, etc.) qui permettent de développer leurs propres mécanismes juridiques de gouvernement des communs, en interne et dans son environnement institutionnel et politique.

Les trois temps de la documentation concernent : 1. le partage d'expérience; 2. une analyse des tactiques; 3. l’énonciation de pistes de travail collectif inédites.

Le projet de recherche action que nous élaborons s’inscrit dans une perspective de long terme qui vise à :

  • élaborer avec les « commoners » des outils et des méthodologies qui permettent la création de mécanismes juridiques (les chartes des communs urbains) afin de reconnaître et développer les communs urbains.
  • comparer les expériences politiques et les méthodologies qui sont développées dans les initiatives sociales concrètes (de commoning), afin de mettre en exergue les potentiels à l’oeuvre dans l’action citoyenne orientée vers la transition écologique et sociale ;
  • interroger les effets de la reconfiguration des processus de production du droit par les « commoners » sur le partage du pouvoir et la légitimité des acteurs dans l’espace public.
  • contribuer à l’élaboration de propositions et de stratégies de politiques publiques et d’un cadre éthique pour le partage de la souveraineté entre les acteurs producteurs de la ville.