02 Gouvernance partagée dans le Gorom-Lampsar

De Remix Biens Communs
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Dans la collection : Rencontres faire commun ici et ailleurs

Démarche mise en œuvre par le GRET pour accompagner l’émergence d’une gouvernance partagée du service d’eau potable de la zone du Gorom-Lampsar, au Sénégal, dans le contexte d’une réforme nationale de délégation de ce service public amorcée en 2014.

Objet(s) de commun : Eau potable  Enjeu(x) : Gouvernance partagée de l'eau,  Services d'eau  Action(s) : Comité local de suivi,  Approche par les communs  

Documentation

Médias (0)

Métadonnées

Date de publication 2024-06-06
Langue du contenu FR
Pays Sénégal, France
Fait partie de Rencontres faire commun ici et ailleurs
Média Fiche
Producteur(s) GRET
Coordonnées géographiques 16° 6' 28.66" N, 16° 20' 49.60" W


Situation d'action

Localisation :

  • Zone du Gorom-Lampsar, Région de Saint Louis, au Sénégal
  • 78 localités dans les départements de Saint-Louis et de Dagana
  • Alimente plus de 70 000 habitant∙e∙s

Situation hydrique :

  • Eau de surface Fleuve Sénégal et défluent du Lampsar
  • Baisse de la qualité de l’eau et dysfonctionnements du service

Enjeux de gouvernance :

  • Manque de transparence sur la facturation et les investissements réalisés par l’opérateur
  • Réinstaurer le dialogue, la confiance et les mécanismes de redevabilité entre les usagers, l’Ofor et l’opérateur
  • Renforcer et structurer la participation des usagers à la gouvernance pour améliorer la qualité du service

Acteurs et espaces clé :

  • Associations d’usagers de réseaux d’eau potable (Asurep)
  • Fédération des associations d’usagers des réseaux d’eau potable (Fasurep)
  • Office des forages ruraux (Ofor)
  • La Société d’exploitation des ouvrages hydrauliques (SEOH), un consortium sénégalais-hollandais-rwandais
  • Gret (chargé de recherche-action, animateurs, chef de projet…)
  • Les Comités locaux de suivi (CLS) de délégation de service public

Dans le Gorom-Lampsar (région de Saint-Louis) au Nord-Ouest du Sénégal, l’approvisionnement en eau potable fait face à des enjeux de gestion et de qualité, surtout en zone rurale. À l’échelle du pays, les organisations d’usagers ont un rôle historique dans la gestion et la délivrance de l’eau potable. Au fil des années et des nombreuses réformes qu’a connu le secteur de l’hydraulique rurale, les usagers se sont structurés au sein des comités d’usagers puis des Associations d’usagers des forages (Asufor) et des Réseaux d’eau potable (Asurep). Ce mode de gestion communautaire s’est toutefois trouvé limité, faisant face à des défaillances techniques et organisationnelles. En 2014, une réforme nationale de délégation de service public modifie en profondeur la gouvernance du service d’eau potable en remettant en cause l’existence de ces organisations des usagers. L’Office des forages ruraux (Ofor) est créé, et un consortia d’entreprises sénégalaises et internationales se partagent la gestion de l’eau sous contrats de délégation. Cette réforme est mal accueillie par les populations locales en partie représentées par les Asufor. La réforme est ressentie comme injustifiée : elle ne repose sur aucun diagnostic et ne prévoit pas de nouveau dispositif pour assurer un rôle des usagers au niveau local. Malgré les promesses d’amélioration du service, les usagers dénoncent une augmentation des factures et une opacité du nouveau modèle de gestion du service, dont la qualité ne s’est pas améliorée. Ils craignent une perte de proximité avec les instances de gouvernance de l’eau potable. Le Gret, présent depuis 1997 dans la zone, accompagne la mise en place d’un dialogue concerté entre l’État et l’opérateur d’un côté, et les collectivités et les usagers de l’autre, pour que ces derniers se fassent leur place dans la réforme.

Processus de mise en place d’un dialogue concerté

Entre 2015 et 2019, l’équipe du Gret au Sénégal, l’université Gaston Berger de Saint-Louis, l’Agence Régionale de Développement et la Fasurep mettent en place une démarche de recherche action pour poser un diagnostic partagé sur la situation et en particulier sur les ressentis des usagers, citoyens, collectivités et autorités étatiques vis-à-vis de la réforme. En 2020, les constats et recommandations pour la prise en compte des usagers, ainsi que les mobilisations citoyennes, conduisent l’Etat à suspendre la réforme. Celle-ci est alors évaluée (financement Banque Mondiale), l’occasion d’ouvrir le dialogue avec les pouvoirs publics et d’expérimenter des modalités de gouvernance qui incluent les usagers. La mise en place progressive du dialogue est favorisée par l’expérimentation de méthodes et de stratégies qui s’inscrivent pour le Gret dans une approche par les communs. La modélisation participative (méthode Pardi « Problématique- Acteurs-Ressources-Dynamiques-Interactions »), mobilisée avec l’appui du Cirad, permet de révéler les interdépendances entre les acteurs, de pointer les défaillances du service (manque de transparence, pannes, prix considérés trop élevés…), et d’identifier des pistes d’action pour les associations d’usagers. Celles-ci prennent alors en main l’installation de compteurs homologués, de branchements sociaux pour les ménages démunis, mais aussi le renforcement de la communication entre les décideurs du service et les usagers, et le suivi des performances des exploitants. Ces activités leur permettent de réaffirmer leur place dans la délivrance du service tout en mettant en évidence l’intérêt de les appuyer dans leur nouveau rôle de représentation des usagers. Dans le prolongement du Pardi, le Gret, le bureau Lisode et les acteurs du service développent un jeu de rôle (sur plateau) nommé F’eau ba deg’eau, ou « jeu de l’entente ». En simulant un système d’eau potable géré par un opérateur privé fictif et en amenant les usagers, l’Ofor et autres joueurs à se mettre les uns à la place des autres. Le jeu et son processus de co-construction favorisent la compréhension partagée des enjeux de gouvernance du service d’eau et du rôle central des usagers dans son fonctionnement. Ces expérimentations débouchent sur la mise en place d’espaces de concertation aux échelles de la région (Kaffrine, Thiès, Saint-Louis), des communes et des arrondissements (Mbane et Ndiaye) : les comités locaux de suivi (CLS) de délégation de service public. Ils ont pour mission de veiller à la bonne exécution du contrat de service public, et de servir de cadre de dialogue et de diffusion d’informations entre les usagers, les collectivités, les services techniques de l’État, l’Ofor et les opérateurs privés. Les associations d’usagers y assureront un rôle de contrôle et de suivi du service, en faisant remonter la voix des usagers (notamment via un mécanisme de suivi et de traitement des plaintes) vers les décideurs d’une part, et en partageant les informations sur le service auprès des usagers d’autre part.

Exemple d’actions mises en place par le Gret

  • 2 ateliers de modélisation (Pardi) pour définir une vision partagée du rôle et des interactions entre acteurs du service
  • Jeu sérieux susciter le dialogue entre les usagers, l’Ofor et les opérateurs.
  • Accompagnement de la Fasurep à structurer 12 comités des usagers en remplacement des Asurep afin d’assurer la défense des intérêts des usagers et l’amélioration du service dans les CSL