« Rapprocher les communs des parlementaires européens » : différence entre les versions
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|Type de document=Vidéo | |Type de document=Vidéo | ||
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|Date de publication=2017/01/02 | |Date de publication=2017/01/02 | ||
|Catégorie Hess= | |Catégorie Hess=Union Européenne, | ||
|Enjeu=Politisation des communs, Politique Européenne, Institutions européennes, | |Enjeu=Politisation des communs, Politique Européenne, Institutions européennes, | ||
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|Événement=Commons Space (FSM 2016, Montréal) | |Événement=Commons Space (FSM 2016, Montréal) | ||
|Auteur=CANGELOSI Elisabetta | |Auteur=CANGELOSI Elisabetta | ||
|Producteur=Remix the commons | |Producteur=Remix the commons, | ||
|Participant=SULTAN Frédéric | |Participant=SULTAN Frédéric | ||
|Contributeur= | |Contributeur=LÉONARD Nicole, FREDRIKSSON Sylvia, LESSARD-BÉRUBÉ Stéphanie, | ||
|Date de production=10/08/2016 | |Date de production=10/08/2016 | ||
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}} | }} | ||
FR | 0’28 | ||
Je m’appelle Elisabetta, je suis italienne, j’habite à Bruxelles, et je suis ici au Forum Social de Montréal pour participer à la fois à l’espace Commons, et à d’autres activités liées à d’autres thématiques, avec une organisation qui s’appelle Transform. | |||
Et donc je me balade entre l’espace Commons, et l’espace principal du Forum Social Mondial pour participer à différentes activités. | |||
Question | |||
Toi tu viens d’Europe, tu as participé à l’émergence de l’inter groupe européen des communs, parlementaire. Est ce que tu peux nous expliquer l’histoire de cet intergroupe? | |||
1’11 | |||
Alors, c’est une histoire assez intéressante, parce que cela a suivi un parcours un peu particulier. C’est-à-dire, tout d’abord, je vais expliquer de quoi il s’agit, car tout le monde ne sait pas comment cela fonctionne. | |||
1’24 | |||
À l’intérieur du parlement européen, il y a la possibilité, pour les parlementaires qui viennent de groupes parlementaires différents, donc de partis politiques différents à l’échelle européenne, de créer des groupes d’intérêt, qui sont appelés intergroupes, au sein du parlement. | |||
Et cela peut toucher des sujets totalement variés. Donc c’est quelque chose qui se trouve à l’intérieur du parlement. | |||
L’Histoire, c’est à dire comment a été créé l’intergroupe sur les commons, commence en 2012. En 2012, l’European Alternatives, qui est une organisation basée en Europe, (différents bureaux en Europe, il y a aussi un groupe qui est basé à Paris). Le groupe parisien avait organisé différents forums citoyens en Europe et celui de Paris portait sur les commons. A l’époque je collaborais comme bénévoles à European Alternatives, et ils étaient intéressés par monter un débat sur les commons du point de vue de la question de l’accès à l’eau. Moi je fais de la recherche mais je suis aussi activiste dans le domaine du droit à l’eau et donc je leur donnais un coup de main, car le sujet des commons et celui de l’eau m’intéressaient, pour monter ces forums citoyens. Donc il y avait pas mal d’invités, surtout des gens du réseau des activistes de l’eau. A la fin du forum, vous savez souvent les participants préparent un document, et le contenu du document était que les commons était un sujet de plus en plus important pour les activistes à l’échelle européenne, mais il serait intéressant d’avoir une interlocution avec les institutions européennes, donc que peut on faire? Donc finalement, en rentrant à Bruxelles - un petit groupe d’entre nous habitait Bruxelles - réfléchissant à que pouvaient être les meilleurs moyens pour entrer en dialogue avec les institutions européennes, on a pensé à la possibilité de créer des intergroupes au sein du parlement. | |||
3’47 | |||
Donc on était deux personnes qui ont commencé à travailler sur le sujet. On a commencé par contacter les parlementaires avec qui on était déjà en contact pour d’autres raisons d’activisme. C’était moi et un activiste espagnol nommé Pablo Sanchez qui travaillait à l’époque pour le (syndicat) de service public, et donc il avait pas mal de contacts avec les parlementaires. On a commencé un travail de mise en contact avec les parlementaires dont on pensait qu’ils pouvaient être intéressés par le sujet. Il faut dire que pour créer un tel groupe, il faut qu’il y ait un certain soutien des parlementaires. Il faut au moins trois groupes de parlementaires qui soutiennent et puis il y a tout un système de négociations internes qui fait que chaque groupe peut donner une signature pour la création d’un intergroupe mais c’est quelque chose qui est toujours à négocier, donc on devait toujours contacter des parlementaires de différents pays. | |||
4’44 | |||
Puis en 2014 il y a eu les élections européennes, donc nouvelle législature, donc finalement on a un peu changé, c’est à dire qu’on a commencé à contacter les candidats aux élections. Avant on avait déjà constaté qu’il y avait un intérêt de la part de certains parlementaires, puis lors des élections, on a commencé à contacter les candidats des différents pays pour voir quel était leur intérêt à la création de l’intergroupe. Donc après les élections, on a recontacté ceux qui ont été effectivement élus pour leur rappeler leur intérêt pour le sujet et leur dire que c’était maintenant le bon moment pour mettre en pratique leurs idées. Donc finalement l’intergroupe a été créé, incluant différents partis politiques et différents pays et finalement au mois de mai 2015, il y a eu un premier lancement... | |||
5’43 | |||
Question | |||
Avant d’en arriver à la première rencontre... (Inaudible) Avant de reprendre le fil de l’histoire de la création du l’intergroupe, j’aimerais bien remonter un petit peu avant parce que il y a deux étapes qui me semblent intéressantes. D’une part il y a eu un manifeste rédigé pour appuyer la création de cet intergroupe avant même les élections, et comment a t il été généré ce manifeste? | |||
6’29 | |||
En fait le manifeste qui a été utilisé pour mobiliser les parlementaires, est effectivement un document qui est sorti de la rencontre de Paris. Il y a eu à Paris cette rencontre "Eau et Commons" et le document était plus vaste, c’est à dire qu’il traite des commons de façon plus générale, même s’il y a des références explicites au cas de l’eau car il a été produit lors d’une rencontre qui portait sur l’eau. Donc c’est un manifeste qui reprend certaines idées clefs du débat sur les commons. En effet, lors de la rencontre à Paris il y avait beaucoup de représentants italiens et en Italie il y a eu un cas particulièrement important pour les activistes italiens qui laissait la possibilité d’introduire dans la législation italienne une définition effective des "beni communi". C’est une définition qui n’a pas finalement été introduite à cause d’un changement politique mais elle a été élaborée par une commission de juristes donc comme il y avait pas mal d’italiens à l’époque dans ces forums, il y a même une référence de ces beni communi comme liés aux droits fondamentaux, comme liés aux changements sociaux, comme liés aussi aux respects des droits des générations futures. Ce forum était sur l’eau mais il y avait aussi des représentants d’autres expériences de commoning. Il y avait par exemple des représentants d’un réseau d’expériences qui était aussi très important en Italie à ce moment là car c’est un réseau d’expériences qui gèrent des espaces de façon communautaire, et donc c’est un processus qui a commencé avant cette rencontre donc on avait invité des représentants de ce mouvement là et c’est un mouvement qui a évolué au fur et à mesure en Italie. | |||
Donc le manifeste a été produit lors de cette rencontre. C’est un texte assez court qui a été utilisé pour mobiliser les parlementaires. | |||
9’00 | |||
Question | |||
Dans ce processus, l’eau a joué un rôle important en Italie, au niveau européen aussi avec les ________ sur l’eau. Est ce que tu peux expliciter un petit peu ce lien? | |||
9’10 | |||
Oui bien sûr. C’est intéressant ce lien parce que, disons que l’eau, même dans l’imaginaire commun, c’est très simple à faire la connexion, à considérer l’eau comme un bien commun. Et il faut dire qu’entre 2008 et 2014, il y a eu quand même en Europe une mobilisation assez forte autour de la question de l’eau. D’abord c’était avant que l’eau ait été reconnue comme droit de l’homme, comme droit humain par l’AG des Nations Unis, c’est à dire en 2010 ; et en même temps en Italie, en 2011 il y a eu un référendum sur l’eau faisant référence explicite à l’idée de l’eau comme un bien commun. Et même, les mouvements italiens qui s’occupaient des commons d’un autre point de vue faisaient assez souvent référence à la mobilisation qui avait eu lieu lors du référendum aussi parce que les juristes, dont je vais parler, qui étaient impliqués dans ce processus, qui avaient fait proposition de loi, certains de ces juristes ont aussi contribué à l’élaboration de la question du référendum, donc il y avait quand même un réseau de gens qui travaillent sur ce sujet. Puis au niveau européen, il y a eu, après la mobilisation pour une initiative citoyenne sur l’eau comme droit humain ; et donc effectivement, la personne avec qui je participais à cette mobilisation pour mettre en place un intergroupe au sein du parlement européen, c’est à la fois le coordinateur pour le ________ service public européen de l’initiative citoyenne, donc effectivement il y avait toute une connexion. Donc... | |||
11’13 | |||
Question | |||
Est ce que ___________ sur l’eau a eu une influence sur les parlementaires européens sur leur connaissance ou leur compréhension de la question des communs? | |||
11:25 | |||
Je crois que d’un certain point de vue il peut y avoir une relation, c’est à dire mieux comprendre certains aspects. Il faut quand même avouer qu’il est plus simple de créer des relations avec des parlementaires qui sont déjà bien mobilisés ou au moins sensibilisés à la thématique, à la fois par rapport à l’initiative citoyenne, et au débat sur les commons. C’est vrai que d’un point de vue plutôt général, l’idée de faire référence à l’eau comme commons, ça fonctionne assez bien pour expliquer, car c’est assez simple à comprendre et comme je vous le disais il y a eu des mobilisations fortes autour de l’eau lors des derniers 5-10 ans en Europe, ça fonctionnait bien au niveau de la communication. C’est vrai que c’est bien d’élargir le plus possible le débat et de faire en sorte que même ceux qui sont sensibles à la question pour les ressources naturelles comprennent aussi l’ampleur de la question dans d’autres domaines. | |||
12’55 | |||
Question | |||
Si on revient à l’intergroupe des communs, au fond on sait que un intergroupe parlementaire européen n’a pas un grand pouvoir de décision, n’a même pas de pouvoir de décision, c’est une espèce de consultation, de concertation, d’échanges entre parlementaires. En quoi est ce important pour la société civile que vous utilisiez ce type de ______________? | |||
13’22 | |||
C’est une très bonne question car c’est vrai que c’est justement une de nos limites, pas justement par rapport aux communs, mais plus en général. Les limites de l’intergroupe c’est que ça permet aux parlementaires de changer d’avis mais s’il n’y a pas vraiment une relation, une communication avec la société civile ou les autres porteurs d’intérêt pour les autres intergroupes en général, ça peut pas vraiment produire d’ effets. Donc ce qui est important, à mon avis par rapport à l’intergroupe sur les commons, c’est une double relation entre les parlementaires et la société civile. Donc d’un côté l’existence de l’intergroupe devrait permettre à la société civile de reconnaitre les interlocuteurs, même au niveau national ou même local. Savoir qui sont les parlementaires qui ont un intérêt à la thématique pour savoir à qui s’adresser, à la fois en tant que mouvement individuel mais aussi mouvement à l’échelle européenne, donc comme coalition des mouvements qui s’occupent de la question des commons. Disons que de ce point de vue, les parlementaires européens peuvent représenter des interlocuteurs à qui parler pour mieux faire comprendre de quoi s’il s’agit, pourquoi c’est important pour la société civile. Une fois qu’ils sont déjà organisés dans un intergroupe, il est plus simple de l’avoir comme cible d’une communication. | |||
14’58 | |||
L’autre aspect que je trouve important aussi et qu’il faut mieux développer dans le contexte de l’intergroupe, est que, même si est assez compliqué à développer, l’idéal, serait d’avoir deux choses : d’un coté la société civile qui parle avec les parlementaires, et d’une autre côté, les parlementaires qui sont guidés pour mettre la question des commons dans d’autres débats politiques. Leur fournir les outils pratiques, donc pas seulement au niveau du contenu mais aussi pratique au niveau juridique et politique à l’échelle européenne pour pouvoir introduire la question des commons à l’intérieur d’autres activités qu’ils font en tant que parlementaire. Par exemple, quand il s’agit de travailler sur l’agenda pour les villes (urban agenda) il serait bien que les parlementaires aient les outils pour pouvoir insérer dans les documents qu’ils produisent, une référence au fait que il y a des mouvements qui travaillent sur les urban commons. C’est juste un exemple. Sinon quand il s’agit de faire des déclarations qui portent sur les questions d’accès aux ressources naturelles, faire en sorte que lorsque le parlementaire présente un amendement, parmi les différents amendements qu’il présente en tant que vert, en tant que partir de gauche européenne, il puisse insérer des aspects liés aux commons. Mais ceci est un processus plus long, qui implique un travail de "soutien", même pour les contenus, auprès des parlementaires. Je pense qu’on va avoir le temps de le développer ultérieurement. Mais c’est quelque chose d’important parce que finalement c’est là que les parlementaires peuvent faire en sorte que le débat entre dans la documentation officielle aussi. | |||
17’37 | |||
Question | |||
Dans l’histoire que tu nous racontes, on sent l’importance de l’action des pays du sud en particulier, ________. Est ce que la perception que tu en as toi, c’est qu’il y a aussi d’autres sources? Le réseau alternatif par exemple, qui est un réseau européen, comment c’est nourri par l’ensemble de l’Europe, ce processus? | |||
18’09 | |||
Moi je trouve que il y a une explication assez logique du fait qu’il y ait une participation assez importante du sud de l’Europe, et c’est lié principalement à la crise économique. La crise a touché, de façon plus forte, enfin c’est pas forcément vrai mais disons que la crise économique a touché la Grèce, l’Italie et l’Espagne de façon plus forte que d’autres pays d’Europe donc à cause de cette situation les activistes des différents pays, qui étaient déjà des activistes, ont développé des systèmes alternatifs pour fournir du soutien social à une classe sociale. L’exemple typique est les structures auto-organisées pour la santé, ou d’autres. En Espagne, c’est la question de la situation liée aux personnes qui n’ont pas de logement, parce qu’ils ont été expulsés de leurs logements à cause de la crise et du fait que les banques ont racheté leur logement. Donc c’est vrai que les gens du sud de l’Europe ont élaboré beaucoup par rapport à la question des commons. Mais il y a également d’autres expériences intéressantes et importantes qui se sont développées dans d’autres pays donc je trouve que c’est très important que les liens entre les différents pays se renforcent. Donc il y a des expériences très importantes aussi pas uniquement en France, mais aussi en Allemagne, en Roumanie. Par exemple, en Roumanie, il y a un cas célèbre qui est le cas de Rosia Montana, qui est un cas intéressant lié aux ressources naturelles. Ce qui est intéressant, c’est que pour chaque pays il y a des formes de commoning qui sont différentes, qui répondent parfois à des exigences locales, parfois juste à un cas spécifique local. Donc c’est intéressant car quand les différents pays se mettent ensemble, ce n’est pas uniquement des différences culturelles ou même de contexte national mais même le sujet spécifique de chaque expérience de commoning peut être différent mais il y a des choses qui sont en commun. Et c’est très intéressant de voir comment ces réseaux peuvent se renforcer et apporter des visions différentes pour établir une vision complexe. | |||
20’53 | |||
Question | |||
On a vu aussi en Europe les progrès de la question des communs dans les villes, notamment en Espagne le _____________ donné par des _____________ en commun d’une manière ou d’une autre. Est ce que de ton point de vue il y a un progrès, est ce que les élus, parlementaires, locaux ou nationaux dans d’autres assemblées, aujourd’hui sont plus concernés par la question des communs? Ont ils une meilleure connaissance de la question? | |||
21’25 | |||
Je crois que les élus ont une meilleure connaissance de la question des communs, ça c’est sûr, car cette question a émergé de façon plus coordonnées, donc c’est un sujet qui est de plus en plus débattu et en même temps parce qu’il y a des cas "heureux" où les élus viennent effectivement d’une expérience d’activisme eux même, comme par exemple le cas de Barcelone. Il est normal que ce type d’élu soit plus intéressée par le sujet car c’était déjà leur sujet avant de devenir des élus. Mais ce n’est pas uniquement dans ce cas, cela arrive aussi dans d’autres villes, où les relations sont renforcées, parce que les élus sont sensibles au sujet. Je pense par exemple à la ville de Napoli, où il y a eu récemment une délibération de la mairie, qui n’est qu’une étape d’un processus plus long - pour le faire bref, en 2011 juste après le référendum sur l’eau en Italie, l’un des juristes qui étaient impliqués dans la formulation de la question référendaire et qui était aussi dans la même commission qui avait élaboré la définition juridique des biens communs, Alberto Lucharelli a été, lors des élections en 2011 à Napoli, nommé comme adjoint au maire pour la question des biens communs. Il y avait donc un "assessore beni communi". Il y a eu tout un processus de municipalisation des services en eau à Napoli et à cette époque a commencé tout un débat parce qu’il y avait des espaces occupés par des activistes qui faisaient de la formation sociale et culturelle, . Donc c’est un processus qui d’abord a apporté la reconnaissance par la mairie du rôle joué par cet activiste et tout récemment, il y a un mois et demi, il y a eu cette délibération de la mairie de Napoli, dont le texte était très intéressant parce que... En fait c’est une délibération qui concerne la gestion d’espaces. Il y a d’autres cas en Italie, en Europe où la mairie donne un espace en gestion à des activistes. Dans ce cas c’est plus intéressant car cela fonctionne à l’envers. Ce n’est pas la mairie qui donne un espace à | |||
des activistes, une organisation, un groupe, la mairie reconnait via cette délibération que un certain nombre d’espaces à Napoli sont de facto des beni communi parce que la communauté qui gère cette espace les a construits et reconnus comme beni communi et donc la mairie reconnait que certains lieux spécifiques sont des beni communi. Puis après elle s’occupe de comment les gérer, de comment les mettre en règle du point de vue légal. Mais le fait est qu’ils reconnaissent le changement de statut d’un espace, qui était simplement un espace abandonné puis occupé, et que cette délibération reconnait cet espace comme beni communi. Et ceci n’est pas un parcours qui vient des élus qui étaient des activistes eux mêmes. Le maire de Napoli est certes quelqu’un de très intéressé par les questions sociales, mais ce n’est pas lui, ce n’était pas un activiste. Ce n’est pas le cas de Ada Colao qui était une activiste elle-même. Donc il est vrai que les élus sont de plus en plus sensibles, intéressés, conscients par cette question et à la fois des élus qui étaient activistes eux-mêmes, mais aussi d’autres. Donc c’est plus vaste, et ça donne aussi des opportunités pour une vision plus large, même au niveau européen. Et là aussi ça se connecte d’une façon ou d’une autre à l’intergroupe parce que le fait qu’il y ait une ville qui mette en place une procédure officielle avec de tels résultats est quelque chose qui, en principe devrait pouvoir convaincre d’autres municipalités de le faire, et apporter des outils pour "copier" le processus dans d’autres contextes. | |||
26’45 | |||
Question | |||
On peut imaginer que l’espace intergroupe parlementaire européen soit un espace où se croisent différentes initiatives pour féconder différentes politiques européennes. C’est très ambitieux ça. | |||
27’01 | |||
Et oui. Disons que c’est très ambitieux. D’un autre point de vue, tous les changements sociaux ou politiques sont très ambitieux. On vise le plus haut possible et on voit ce qu’on arrive à faire, mais si on vise trop bas, on risque de rester trop bas donc l’idéal, mais cela s’applique en principe à tous les intergroupes, l’idéal serait exactement ça : que l’intergroupe soit un espace parlementaire où les politiques échangent des compétences politiques, juridiques sur tout, et même avec des effets pratiques, sur le plan des déclarations, des prises de position, qui utilisent de la meilleure manière des expériences qui viennent de chaque pays d’où viennent ces parlementaires. Donc oui c’est très ambitieux. Je pense que le problème de la législature au niveau du parlement européen reste tout de même quelque chose de très court, car c’est une courte période et il y a beaucoup de bureaucratie à gérer là dedans. Mais c’est quand même un processus qu’il faut commencer d’une manière ou d’une autre. Et je pense qu’il faut profiter le plus possible de l’espace qui existe. | |||
28’40 | |||
Question | |||
Pour toi, le défi aujourd’hui de la société civile, pour réussir cette implémentation des communs en politique, c’est quoi? | |||
28’54 | |||
Alors je veux préciser une chose : quand je parle des opportunités qu’offre l’existence de l’intergroupe, je veux pas du tout dire que la société civile doit, au niveau des changements politiques, se concentrer uniquement sur ce qui se passe au parlement européen. Car il y a beaucoup plus de choses à faire à l’extérieur du parlement européen. Si on devait choisir où concentrer le plus de lobbying, moi je me concentrerais plus sur les administrations locales. Mais en même temps, je pense que créer des relations, même à l’échelle européenne, cela peut faciliter l’ampleur du débat et l’échange. Je le précise car sinon on prend le risque de se concentrer uniquement sur comment entrer en relation avec l’intergroupe, et on oublie que dans la réalité quotidienne des activistes du commoning, l’Europe, ou plutôt le parlement européen, est très loin. C’est beaucoup plus intéressant d’opérer au niveau du territoire. Mais je trouve que exactement pour ce qui est l’Europe à ce moment là et pour la crise qui a touché l’Europe, c’est bien en même temps de renforcer les liens, les réseaux entre les différents mouvements, au moins pour s’échanger des expériences et pour mettre en place des pratiques communes. Donc je trouve qu’un équilibre entre les différents niveaux, c’est la chose la plus importante à l’heure actuelle. | |||
30’50 | |||
Merci beaucoup. | |||
30’51 | |||
Merci à toi. | |||
:FR | |||
:Entrevue réalisée à l'occasion du 12ème Forum Social Mondial tenu à Montréal du 9 au 14 août 2016. Pour la première fois dans l'histoire du FSM un Espace des Communs offrait différents ateliers et activités culturelles avec la participation de « commoners » théoriciens et praticiens de nombreux pays. | :Entrevue réalisée à l'occasion du 12ème Forum Social Mondial tenu à Montréal du 9 au 14 août 2016. Pour la première fois dans l'histoire du FSM un Espace des Communs offrait différents ateliers et activités culturelles avec la participation de « commoners » théoriciens et praticiens de nombreux pays. | ||
ES | :ES | ||
:Entrevista realizada en ocasion del 12mo Foro social Mundial realizado en Montreal del 9 al 14 de agosto de 2016. Por primera vez en la historia del FSM un Espacio de los Comunes ofrecia varios talleres y actividades culturales con la participacion de « commoners » teoricos y activistas de numerosos paises. | :Entrevista realizada en ocasion del 12mo Foro social Mundial realizado en Montreal del 9 al 14 de agosto de 2016. Por primera vez en la historia del FSM un Espacio de los Comunes ofrecia varios talleres y actividades culturales con la participacion de « commoners » teoricos y activistas de numerosos paises. | ||
EN | :EN | ||
:Interview taped at the 12 th World Social Forum in Montreal August 9th to 14th 2016. For the first time in the history of WSF a Commons Space held various workshops and cultural activities with the participation of commoners, both theoreticians and practitioners, from numerous countries." | :Interview taped at the 12 th World Social Forum in Montreal August 9th to 14th 2016. For the first time in the history of WSF a Commons Space held various workshops and cultural activities with the participation of commoners, both theoreticians and practitioners, from numerous countries." |
Dernière version du 13 janvier 2019 à 09:16
Dans la collection : Commons Space
Objet(s) de commun : Union Européenne Enjeu(x) : Politisation des communs, Politique Européenne, Institutions européennes Résultat(s) attendu(s) : Démocratie
Métadonnées
Auteur(s) | CANGELOSI Elisabetta |
---|---|
Date de publication | 2017/01/02 |
Durée | 00:30:59 |
Langue du contenu | FR |
Pays | Italie |
Fait partie de | Commons Space |
Média | Vidéo |
URL de diffusion | https://www.youtube.com/watch?v=2eC-cydLgXk&t=552s |
---|---|
Service de diffusion | youtube |
Identifiant de diffusion | 2eC-cydLgXk |
Contexte de production | Commons Space (FSM 2016, Montréal) |
Producteur(s) | Remix the commons |
Participant(s) | SULTAN Frédéric |
Contributeur(s) | LÉONARD Nicole, FREDRIKSSON Sylvia, LESSARD-BÉRUBÉ Stéphanie |
Type de licence | CC-BY-SA |
0’28
Je m’appelle Elisabetta, je suis italienne, j’habite à Bruxelles, et je suis ici au Forum Social de Montréal pour participer à la fois à l’espace Commons, et à d’autres activités liées à d’autres thématiques, avec une organisation qui s’appelle Transform.
Et donc je me balade entre l’espace Commons, et l’espace principal du Forum Social Mondial pour participer à différentes activités.
Question
Toi tu viens d’Europe, tu as participé à l’émergence de l’inter groupe européen des communs, parlementaire. Est ce que tu peux nous expliquer l’histoire de cet intergroupe?
1’11
Alors, c’est une histoire assez intéressante, parce que cela a suivi un parcours un peu particulier. C’est-à-dire, tout d’abord, je vais expliquer de quoi il s’agit, car tout le monde ne sait pas comment cela fonctionne.
1’24
À l’intérieur du parlement européen, il y a la possibilité, pour les parlementaires qui viennent de groupes parlementaires différents, donc de partis politiques différents à l’échelle européenne, de créer des groupes d’intérêt, qui sont appelés intergroupes, au sein du parlement.
Et cela peut toucher des sujets totalement variés. Donc c’est quelque chose qui se trouve à l’intérieur du parlement.
L’Histoire, c’est à dire comment a été créé l’intergroupe sur les commons, commence en 2012. En 2012, l’European Alternatives, qui est une organisation basée en Europe, (différents bureaux en Europe, il y a aussi un groupe qui est basé à Paris). Le groupe parisien avait organisé différents forums citoyens en Europe et celui de Paris portait sur les commons. A l’époque je collaborais comme bénévoles à European Alternatives, et ils étaient intéressés par monter un débat sur les commons du point de vue de la question de l’accès à l’eau. Moi je fais de la recherche mais je suis aussi activiste dans le domaine du droit à l’eau et donc je leur donnais un coup de main, car le sujet des commons et celui de l’eau m’intéressaient, pour monter ces forums citoyens. Donc il y avait pas mal d’invités, surtout des gens du réseau des activistes de l’eau. A la fin du forum, vous savez souvent les participants préparent un document, et le contenu du document était que les commons était un sujet de plus en plus important pour les activistes à l’échelle européenne, mais il serait intéressant d’avoir une interlocution avec les institutions européennes, donc que peut on faire? Donc finalement, en rentrant à Bruxelles - un petit groupe d’entre nous habitait Bruxelles - réfléchissant à que pouvaient être les meilleurs moyens pour entrer en dialogue avec les institutions européennes, on a pensé à la possibilité de créer des intergroupes au sein du parlement.
3’47
Donc on était deux personnes qui ont commencé à travailler sur le sujet. On a commencé par contacter les parlementaires avec qui on était déjà en contact pour d’autres raisons d’activisme. C’était moi et un activiste espagnol nommé Pablo Sanchez qui travaillait à l’époque pour le (syndicat) de service public, et donc il avait pas mal de contacts avec les parlementaires. On a commencé un travail de mise en contact avec les parlementaires dont on pensait qu’ils pouvaient être intéressés par le sujet. Il faut dire que pour créer un tel groupe, il faut qu’il y ait un certain soutien des parlementaires. Il faut au moins trois groupes de parlementaires qui soutiennent et puis il y a tout un système de négociations internes qui fait que chaque groupe peut donner une signature pour la création d’un intergroupe mais c’est quelque chose qui est toujours à négocier, donc on devait toujours contacter des parlementaires de différents pays.
4’44
Puis en 2014 il y a eu les élections européennes, donc nouvelle législature, donc finalement on a un peu changé, c’est à dire qu’on a commencé à contacter les candidats aux élections. Avant on avait déjà constaté qu’il y avait un intérêt de la part de certains parlementaires, puis lors des élections, on a commencé à contacter les candidats des différents pays pour voir quel était leur intérêt à la création de l’intergroupe. Donc après les élections, on a recontacté ceux qui ont été effectivement élus pour leur rappeler leur intérêt pour le sujet et leur dire que c’était maintenant le bon moment pour mettre en pratique leurs idées. Donc finalement l’intergroupe a été créé, incluant différents partis politiques et différents pays et finalement au mois de mai 2015, il y a eu un premier lancement...
5’43
Question
Avant d’en arriver à la première rencontre... (Inaudible) Avant de reprendre le fil de l’histoire de la création du l’intergroupe, j’aimerais bien remonter un petit peu avant parce que il y a deux étapes qui me semblent intéressantes. D’une part il y a eu un manifeste rédigé pour appuyer la création de cet intergroupe avant même les élections, et comment a t il été généré ce manifeste?
6’29
En fait le manifeste qui a été utilisé pour mobiliser les parlementaires, est effectivement un document qui est sorti de la rencontre de Paris. Il y a eu à Paris cette rencontre "Eau et Commons" et le document était plus vaste, c’est à dire qu’il traite des commons de façon plus générale, même s’il y a des références explicites au cas de l’eau car il a été produit lors d’une rencontre qui portait sur l’eau. Donc c’est un manifeste qui reprend certaines idées clefs du débat sur les commons. En effet, lors de la rencontre à Paris il y avait beaucoup de représentants italiens et en Italie il y a eu un cas particulièrement important pour les activistes italiens qui laissait la possibilité d’introduire dans la législation italienne une définition effective des "beni communi". C’est une définition qui n’a pas finalement été introduite à cause d’un changement politique mais elle a été élaborée par une commission de juristes donc comme il y avait pas mal d’italiens à l’époque dans ces forums, il y a même une référence de ces beni communi comme liés aux droits fondamentaux, comme liés aux changements sociaux, comme liés aussi aux respects des droits des générations futures. Ce forum était sur l’eau mais il y avait aussi des représentants d’autres expériences de commoning. Il y avait par exemple des représentants d’un réseau d’expériences qui était aussi très important en Italie à ce moment là car c’est un réseau d’expériences qui gèrent des espaces de façon communautaire, et donc c’est un processus qui a commencé avant cette rencontre donc on avait invité des représentants de ce mouvement là et c’est un mouvement qui a évolué au fur et à mesure en Italie.
Donc le manifeste a été produit lors de cette rencontre. C’est un texte assez court qui a été utilisé pour mobiliser les parlementaires.
9’00
Question
Dans ce processus, l’eau a joué un rôle important en Italie, au niveau européen aussi avec les ________ sur l’eau. Est ce que tu peux expliciter un petit peu ce lien?
9’10
Oui bien sûr. C’est intéressant ce lien parce que, disons que l’eau, même dans l’imaginaire commun, c’est très simple à faire la connexion, à considérer l’eau comme un bien commun. Et il faut dire qu’entre 2008 et 2014, il y a eu quand même en Europe une mobilisation assez forte autour de la question de l’eau. D’abord c’était avant que l’eau ait été reconnue comme droit de l’homme, comme droit humain par l’AG des Nations Unis, c’est à dire en 2010 ; et en même temps en Italie, en 2011 il y a eu un référendum sur l’eau faisant référence explicite à l’idée de l’eau comme un bien commun. Et même, les mouvements italiens qui s’occupaient des commons d’un autre point de vue faisaient assez souvent référence à la mobilisation qui avait eu lieu lors du référendum aussi parce que les juristes, dont je vais parler, qui étaient impliqués dans ce processus, qui avaient fait proposition de loi, certains de ces juristes ont aussi contribué à l’élaboration de la question du référendum, donc il y avait quand même un réseau de gens qui travaillent sur ce sujet. Puis au niveau européen, il y a eu, après la mobilisation pour une initiative citoyenne sur l’eau comme droit humain ; et donc effectivement, la personne avec qui je participais à cette mobilisation pour mettre en place un intergroupe au sein du parlement européen, c’est à la fois le coordinateur pour le ________ service public européen de l’initiative citoyenne, donc effectivement il y avait toute une connexion. Donc...
11’13
Question
Est ce que ___________ sur l’eau a eu une influence sur les parlementaires européens sur leur connaissance ou leur compréhension de la question des communs?
11:25
Je crois que d’un certain point de vue il peut y avoir une relation, c’est à dire mieux comprendre certains aspects. Il faut quand même avouer qu’il est plus simple de créer des relations avec des parlementaires qui sont déjà bien mobilisés ou au moins sensibilisés à la thématique, à la fois par rapport à l’initiative citoyenne, et au débat sur les commons. C’est vrai que d’un point de vue plutôt général, l’idée de faire référence à l’eau comme commons, ça fonctionne assez bien pour expliquer, car c’est assez simple à comprendre et comme je vous le disais il y a eu des mobilisations fortes autour de l’eau lors des derniers 5-10 ans en Europe, ça fonctionnait bien au niveau de la communication. C’est vrai que c’est bien d’élargir le plus possible le débat et de faire en sorte que même ceux qui sont sensibles à la question pour les ressources naturelles comprennent aussi l’ampleur de la question dans d’autres domaines.
12’55
Question
Si on revient à l’intergroupe des communs, au fond on sait que un intergroupe parlementaire européen n’a pas un grand pouvoir de décision, n’a même pas de pouvoir de décision, c’est une espèce de consultation, de concertation, d’échanges entre parlementaires. En quoi est ce important pour la société civile que vous utilisiez ce type de ______________?
13’22
C’est une très bonne question car c’est vrai que c’est justement une de nos limites, pas justement par rapport aux communs, mais plus en général. Les limites de l’intergroupe c’est que ça permet aux parlementaires de changer d’avis mais s’il n’y a pas vraiment une relation, une communication avec la société civile ou les autres porteurs d’intérêt pour les autres intergroupes en général, ça peut pas vraiment produire d’ effets. Donc ce qui est important, à mon avis par rapport à l’intergroupe sur les commons, c’est une double relation entre les parlementaires et la société civile. Donc d’un côté l’existence de l’intergroupe devrait permettre à la société civile de reconnaitre les interlocuteurs, même au niveau national ou même local. Savoir qui sont les parlementaires qui ont un intérêt à la thématique pour savoir à qui s’adresser, à la fois en tant que mouvement individuel mais aussi mouvement à l’échelle européenne, donc comme coalition des mouvements qui s’occupent de la question des commons. Disons que de ce point de vue, les parlementaires européens peuvent représenter des interlocuteurs à qui parler pour mieux faire comprendre de quoi s’il s’agit, pourquoi c’est important pour la société civile. Une fois qu’ils sont déjà organisés dans un intergroupe, il est plus simple de l’avoir comme cible d’une communication.
14’58
L’autre aspect que je trouve important aussi et qu’il faut mieux développer dans le contexte de l’intergroupe, est que, même si est assez compliqué à développer, l’idéal, serait d’avoir deux choses : d’un coté la société civile qui parle avec les parlementaires, et d’une autre côté, les parlementaires qui sont guidés pour mettre la question des commons dans d’autres débats politiques. Leur fournir les outils pratiques, donc pas seulement au niveau du contenu mais aussi pratique au niveau juridique et politique à l’échelle européenne pour pouvoir introduire la question des commons à l’intérieur d’autres activités qu’ils font en tant que parlementaire. Par exemple, quand il s’agit de travailler sur l’agenda pour les villes (urban agenda) il serait bien que les parlementaires aient les outils pour pouvoir insérer dans les documents qu’ils produisent, une référence au fait que il y a des mouvements qui travaillent sur les urban commons. C’est juste un exemple. Sinon quand il s’agit de faire des déclarations qui portent sur les questions d’accès aux ressources naturelles, faire en sorte que lorsque le parlementaire présente un amendement, parmi les différents amendements qu’il présente en tant que vert, en tant que partir de gauche européenne, il puisse insérer des aspects liés aux commons. Mais ceci est un processus plus long, qui implique un travail de "soutien", même pour les contenus, auprès des parlementaires. Je pense qu’on va avoir le temps de le développer ultérieurement. Mais c’est quelque chose d’important parce que finalement c’est là que les parlementaires peuvent faire en sorte que le débat entre dans la documentation officielle aussi.
17’37
Question
Dans l’histoire que tu nous racontes, on sent l’importance de l’action des pays du sud en particulier, ________. Est ce que la perception que tu en as toi, c’est qu’il y a aussi d’autres sources? Le réseau alternatif par exemple, qui est un réseau européen, comment c’est nourri par l’ensemble de l’Europe, ce processus?
18’09
Moi je trouve que il y a une explication assez logique du fait qu’il y ait une participation assez importante du sud de l’Europe, et c’est lié principalement à la crise économique. La crise a touché, de façon plus forte, enfin c’est pas forcément vrai mais disons que la crise économique a touché la Grèce, l’Italie et l’Espagne de façon plus forte que d’autres pays d’Europe donc à cause de cette situation les activistes des différents pays, qui étaient déjà des activistes, ont développé des systèmes alternatifs pour fournir du soutien social à une classe sociale. L’exemple typique est les structures auto-organisées pour la santé, ou d’autres. En Espagne, c’est la question de la situation liée aux personnes qui n’ont pas de logement, parce qu’ils ont été expulsés de leurs logements à cause de la crise et du fait que les banques ont racheté leur logement. Donc c’est vrai que les gens du sud de l’Europe ont élaboré beaucoup par rapport à la question des commons. Mais il y a également d’autres expériences intéressantes et importantes qui se sont développées dans d’autres pays donc je trouve que c’est très important que les liens entre les différents pays se renforcent. Donc il y a des expériences très importantes aussi pas uniquement en France, mais aussi en Allemagne, en Roumanie. Par exemple, en Roumanie, il y a un cas célèbre qui est le cas de Rosia Montana, qui est un cas intéressant lié aux ressources naturelles. Ce qui est intéressant, c’est que pour chaque pays il y a des formes de commoning qui sont différentes, qui répondent parfois à des exigences locales, parfois juste à un cas spécifique local. Donc c’est intéressant car quand les différents pays se mettent ensemble, ce n’est pas uniquement des différences culturelles ou même de contexte national mais même le sujet spécifique de chaque expérience de commoning peut être différent mais il y a des choses qui sont en commun. Et c’est très intéressant de voir comment ces réseaux peuvent se renforcer et apporter des visions différentes pour établir une vision complexe.
20’53
Question
On a vu aussi en Europe les progrès de la question des communs dans les villes, notamment en Espagne le _____________ donné par des _____________ en commun d’une manière ou d’une autre. Est ce que de ton point de vue il y a un progrès, est ce que les élus, parlementaires, locaux ou nationaux dans d’autres assemblées, aujourd’hui sont plus concernés par la question des communs? Ont ils une meilleure connaissance de la question?
21’25
Je crois que les élus ont une meilleure connaissance de la question des communs, ça c’est sûr, car cette question a émergé de façon plus coordonnées, donc c’est un sujet qui est de plus en plus débattu et en même temps parce qu’il y a des cas "heureux" où les élus viennent effectivement d’une expérience d’activisme eux même, comme par exemple le cas de Barcelone. Il est normal que ce type d’élu soit plus intéressée par le sujet car c’était déjà leur sujet avant de devenir des élus. Mais ce n’est pas uniquement dans ce cas, cela arrive aussi dans d’autres villes, où les relations sont renforcées, parce que les élus sont sensibles au sujet. Je pense par exemple à la ville de Napoli, où il y a eu récemment une délibération de la mairie, qui n’est qu’une étape d’un processus plus long - pour le faire bref, en 2011 juste après le référendum sur l’eau en Italie, l’un des juristes qui étaient impliqués dans la formulation de la question référendaire et qui était aussi dans la même commission qui avait élaboré la définition juridique des biens communs, Alberto Lucharelli a été, lors des élections en 2011 à Napoli, nommé comme adjoint au maire pour la question des biens communs. Il y avait donc un "assessore beni communi". Il y a eu tout un processus de municipalisation des services en eau à Napoli et à cette époque a commencé tout un débat parce qu’il y avait des espaces occupés par des activistes qui faisaient de la formation sociale et culturelle, . Donc c’est un processus qui d’abord a apporté la reconnaissance par la mairie du rôle joué par cet activiste et tout récemment, il y a un mois et demi, il y a eu cette délibération de la mairie de Napoli, dont le texte était très intéressant parce que... En fait c’est une délibération qui concerne la gestion d’espaces. Il y a d’autres cas en Italie, en Europe où la mairie donne un espace en gestion à des activistes. Dans ce cas c’est plus intéressant car cela fonctionne à l’envers. Ce n’est pas la mairie qui donne un espace à
des activistes, une organisation, un groupe, la mairie reconnait via cette délibération que un certain nombre d’espaces à Napoli sont de facto des beni communi parce que la communauté qui gère cette espace les a construits et reconnus comme beni communi et donc la mairie reconnait que certains lieux spécifiques sont des beni communi. Puis après elle s’occupe de comment les gérer, de comment les mettre en règle du point de vue légal. Mais le fait est qu’ils reconnaissent le changement de statut d’un espace, qui était simplement un espace abandonné puis occupé, et que cette délibération reconnait cet espace comme beni communi. Et ceci n’est pas un parcours qui vient des élus qui étaient des activistes eux mêmes. Le maire de Napoli est certes quelqu’un de très intéressé par les questions sociales, mais ce n’est pas lui, ce n’était pas un activiste. Ce n’est pas le cas de Ada Colao qui était une activiste elle-même. Donc il est vrai que les élus sont de plus en plus sensibles, intéressés, conscients par cette question et à la fois des élus qui étaient activistes eux-mêmes, mais aussi d’autres. Donc c’est plus vaste, et ça donne aussi des opportunités pour une vision plus large, même au niveau européen. Et là aussi ça se connecte d’une façon ou d’une autre à l’intergroupe parce que le fait qu’il y ait une ville qui mette en place une procédure officielle avec de tels résultats est quelque chose qui, en principe devrait pouvoir convaincre d’autres municipalités de le faire, et apporter des outils pour "copier" le processus dans d’autres contextes.
26’45
Question
On peut imaginer que l’espace intergroupe parlementaire européen soit un espace où se croisent différentes initiatives pour féconder différentes politiques européennes. C’est très ambitieux ça.
27’01
Et oui. Disons que c’est très ambitieux. D’un autre point de vue, tous les changements sociaux ou politiques sont très ambitieux. On vise le plus haut possible et on voit ce qu’on arrive à faire, mais si on vise trop bas, on risque de rester trop bas donc l’idéal, mais cela s’applique en principe à tous les intergroupes, l’idéal serait exactement ça : que l’intergroupe soit un espace parlementaire où les politiques échangent des compétences politiques, juridiques sur tout, et même avec des effets pratiques, sur le plan des déclarations, des prises de position, qui utilisent de la meilleure manière des expériences qui viennent de chaque pays d’où viennent ces parlementaires. Donc oui c’est très ambitieux. Je pense que le problème de la législature au niveau du parlement européen reste tout de même quelque chose de très court, car c’est une courte période et il y a beaucoup de bureaucratie à gérer là dedans. Mais c’est quand même un processus qu’il faut commencer d’une manière ou d’une autre. Et je pense qu’il faut profiter le plus possible de l’espace qui existe.
28’40
Question
Pour toi, le défi aujourd’hui de la société civile, pour réussir cette implémentation des communs en politique, c’est quoi?
28’54
Alors je veux préciser une chose : quand je parle des opportunités qu’offre l’existence de l’intergroupe, je veux pas du tout dire que la société civile doit, au niveau des changements politiques, se concentrer uniquement sur ce qui se passe au parlement européen. Car il y a beaucoup plus de choses à faire à l’extérieur du parlement européen. Si on devait choisir où concentrer le plus de lobbying, moi je me concentrerais plus sur les administrations locales. Mais en même temps, je pense que créer des relations, même à l’échelle européenne, cela peut faciliter l’ampleur du débat et l’échange. Je le précise car sinon on prend le risque de se concentrer uniquement sur comment entrer en relation avec l’intergroupe, et on oublie que dans la réalité quotidienne des activistes du commoning, l’Europe, ou plutôt le parlement européen, est très loin. C’est beaucoup plus intéressant d’opérer au niveau du territoire. Mais je trouve que exactement pour ce qui est l’Europe à ce moment là et pour la crise qui a touché l’Europe, c’est bien en même temps de renforcer les liens, les réseaux entre les différents mouvements, au moins pour s’échanger des expériences et pour mettre en place des pratiques communes. Donc je trouve qu’un équilibre entre les différents niveaux, c’est la chose la plus importante à l’heure actuelle.
30’50 Merci beaucoup.
30’51 Merci à toi.
- FR
- Entrevue réalisée à l'occasion du 12ème Forum Social Mondial tenu à Montréal du 9 au 14 août 2016. Pour la première fois dans l'histoire du FSM un Espace des Communs offrait différents ateliers et activités culturelles avec la participation de « commoners » théoriciens et praticiens de nombreux pays.
- ES
- Entrevista realizada en ocasion del 12mo Foro social Mundial realizado en Montreal del 9 al 14 de agosto de 2016. Por primera vez en la historia del FSM un Espacio de los Comunes ofrecia varios talleres y actividades culturales con la participacion de « commoners » teoricos y activistas de numerosos paises.
- EN
- Interview taped at the 12 th World Social Forum in Montreal August 9th to 14th 2016. For the first time in the history of WSF a Commons Space held various workshops and cultural activities with the participation of commoners, both theoreticians and practitioners, from numerous countries."